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Populus Sion

Populus Sion

 

Peuple de Sion, voici que le Seigneur va venir

pour sauver le monde !

Le Seigneur va donner de la voix !

Vous l’entendrez dans toute sa gloire

et votre cœur sera dans l’allégresse.

V/ Toi qui conduis Israël, prête attention,

Toi qui conduis Joseph comme un troupeau !

(Is 30, 19.30 ; Ps 79, 2)

 

(Traduction François Cassingéna-Trévedy **)

 

Populus Sion, ecce Dominus veniet

ad salvandas gentes

et auditam faciet Dominus gloriam vocis suae,

in laetitia cordis vestri.

V/ Qui regis Israel, intende,

qui deducis velut ovem Ioseph.

 

Introït du deuxième dimanche de l’Avent

 

Photo d'entête : Pèlerinage en 2019 au sanctuaire de Sion (photo église catholique Metz).  La basilique Notre-Dame de Sion est une basilique construite sur la colline de Sion-Vaudémont, sur la commune de Saxon-Sion, dans la région naturelle du Saintois située au sud de Nancy (département de Meurthe-et-Moselle). (Wikipedia).

Populus Sion

" Le Christ Sauveur du monde ", par Bartholomeus Spranger (1546-1611), Musée Ingres-Bourdelle, Montauban (82) (Photo Wikimedia commons)

Le Seigneur vient sauver Sion et tout son peuple

 

Ce grand mouvement de l’âme impulsé dans l’introït du 1er dimanche de l’Avent (Ad te levavi … Vers toi j’élève mon âme) se fondait sur la certitude que le Seigneur viendrait tous nous sauver (Universi qui te exspectant … tous ceux qui t’attendent ne seront pas déçus).

 

(Voir mon commentaire sur l’introït Ad te levavi : http://www.bible-parole-et-paroles.com/2019/11/ad-te-levavi.html )

Il n’y a de salut que commun, qu’au sein du peuple que le Seigneur conduit comme son troupeau (Ps 79, 2). « La liturgie elle-même est, par définition, l’œuvre du peuple de Dieu incorporé au Christ- prêtre » (Cassingéna-Trévedy ** p. 12). L’introït est justement le chant qui fait entrer en communauté pour célébrer dans la joie (in laetitia cordis vestri … et votre cœur sera dans l’allégresse).

 

Du 5° au 8° siècle, les chrétiens avaient l’habitude de se rendre en procession dans une des basiliques périphériques où le pape, ou son représentant célébrait l’office du jour. Les textes et chants de la messe font souvent allusion à la dénomination du lieu. Pour de 2ème dimanche de l’Avent la messe stationnale se déroulait à la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem *** et l’on retrouve effectivement l’évocation de Jérusalem-Sion : Introït Populus Sion, graduel Ex Sion, Alleluia Laetatus sum … in domum Domini ibimus, Communion Ierusalem surge

 

Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l’hymne de gloire ; en vénérant la mémoire des saints, nous espérons partager leur communauté … (concile Vatican II, Constitution De Sacra liturgia, , 1963, n° 8)

 

 

Car le Seigneur a fait choix de Sion ; elle est le séjour qu'il désire (Ps 131, 13)

 

Qui s'appuie sur Yahvé ressemble au mont Sion rien ne l'ébranle, il est stable pour toujours.

Jérusalem ! les montagnes l'entourent, ainsi Yahvé entoure son peuple dès maintenant et pour toujours. (Ps 124, 1-2)

 

Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome

Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome

Populus Sion

Photo ci-dessus : Basilique romaine de Sainte-Croix-de-Jérusalem, Chapelle Sainte Hélène

Les reliques étaient autrefois dans l'ancienne chapelle Sainte-Hélène, qui est en partie en sous sol. Le fondateur de l'église y avait dispersé un peu de terre du Calvaire, d'où le nom de Hierusalem de la basilique. Dans la voûte, se trouve une mosaïque conçue par Melozzo de Forlì (avant 1485), représentant Jésus bénissant entouré des évangélistes. Une ancienne statue de Junon découverte à Ostie, transformée en statue de Sainte-Hélène, trône sur l'autel. (Wikipedia)

Ce salut s’adresse à tous : ad salvandas gentes … pour sauver le monde.

 

il (le Christ) appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils, pour former un tout non selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui sont « re-nés » non d’un germe corruptible mais du germe incorruptible qui est la parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là constituent finalement « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 9-10). (Concile Vatican II, Constitution Lumen Gentium, n° 9)

 

Le Christ appelle la foule des hommes :

Et auditam faciet Dominus … le Seigneur va donner de la voix, Vous l’entendrez dans toute sa gloire !

 

Cette parole du Dieu vivant qui régénère les peuples est celle même transmise par Jean-Baptiste et rappelée pendant les liturgies de l’Avent, en particulier en ce 2ème dimanche (Année A : Mt 3, 1-12, année B : Mc 1, 1-8, année C : Lc 3, 1-6) :

 

Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. (Mt 3, 3 emprunté à Is 40, 3).

Populus Sion

Photo ci-dessus : Jean-Baptiste prêchant dans le désert, détail de la grande verrière dans l’église de Manses (Ariège) qui relate la vie de Jean-Baptiste patron de l’église. A propos de cette grande verrière relatant toute la vie de Jean-Baptiste, voir sur mon site :

https://demeuresdesirables.monsite-orange.fr/page-5e1481955a99f.html

 

Le mont Sion à Jérusalem

Le mont Sion à Jérusalem

Le Mont Sion est une des collines de Jérusalem. Le nom de Sion est souvent pris comme symbole de Jérusalem.

Le texte de l’introït

 

Le texte de cet introït est emprunté à Is 30, 19.27-30. De nombreuses lectures de l’Avent sont issues des écrits de ce prophète. Ce passage reflète la détresse du peuple hébreu en exil et l’espérance dans le salut attendu de Yhwh.

Comme souvent le texte est fabriqué à partir d’éléments disséminés dans une péricope plus importante pour aboutir au sens recherché dans la composition de la pièce grégorienne et qui est guidé en général par une lecture néo-testamentaire.

L’emploi des couleurs permet ci-dessous de retrouver facilement l’utilisation des éléments du texte latin de la Vulgate dans celui de l’introït (je ne cite pas le texte latin en entier mais donne la traduction intégrale de celui-ci)

 

19. Populus enim Sion habitabit in Jerusalem …

19 Peuple de Sion, toi qui habites Jérusalem, tu ne pleureras jamais plus. À l’appel de ton cri, le Seigneur te fera grâce. Dès qu’il t’aura entendu, il te répondra.

27. Ecce nomen Domini venit de longinquo, ardens furor ejus …

27 Voici venir de loin le nom du Seigneur ; brûlante est sa colère, lourde, écrasante ; ses lèvres sont gonflées d’indignation, sa langue est un feu dévorant,

 

28. Spiritus ejus velut torrens inundans usque ad medium colli, ad perdendas gentes in nihilum, …

28 son souffle, un torrent qui déborde et monte jusqu’à la gorge ; il va secouer les nations d’une secousse fatale, mettre aux mâchoires des peuples un mors qui les fasse divaguer.

 

29. Canticum erit vobis sicut nox sanctificatæ solemnitatis, et lætitia cordis sicut qui pergit cum tibia …

29 Alors vous pourrez chanter comme dans la nuit où l’on célèbre la fête avec la joie au cœur, comme on va, au son des flûtes, à la montagne du Seigneur, vers le rocher d’Israël.

 

30. Et auditam faciet Dominus gloriam vocis suæ, et terrorem brachii sui ostendet in comminatione furoris, et flamma ignis devorantis : allidet in turbine, et in lapide grandinis.

30 Et le Seigneur fera entendre sa voix majestueuse ; il fera sentir le poids de son bras dans la fureur de sa colère, par la flamme d’un feu dévorant, la tornade, l’orage et la grêle.

 

(Traduction française de la Bible liturgique)

 

Texte de l’introït

Populus Sion, ecce Dominus veniet

ad salvandas gentes

et auditam faciet Dominus gloriam vocis suae,

in laetitia cordis vestri.

 

Peuple de Sion, voici que le Seigneur va venir

pour sauver le monde !

Le Seigneur va donner de la voix !

Vous l’entendrez dans toute sa gloire

et votre cœur sera dans l’allégresse.

(Traduction François Cassingéna-Trévedy **)

 

Nous sommes ainsi en présence d’un véritable détournement de sens de l’essentiel du texte d’Isaïe utilisé (v. 27-30) qui originellement marque plutôt la fureur de Yhwh que sa bienveillance cependant que la teneur du chapitre 30 est très contrastée :

 

Malheur aux fils rebelles, – oracle du Seigneur –, qui font un projet, mais sans moi, qui concluent un traité, mais sans mon esprit, accumulant ainsi péché sur péché. (Is 30, 1)

Cependant le Seigneur attend de vous faire grâce, il se dressera pour vous montrer sa tendresse, car le Seigneur est le Dieu juste : heureux tous ceux qui l’attendent ! (Is 30, 18)

 

C’est comme si l’auteur de l’introït ne voulait retenir que la miséricorde divine qui s’appuie sur sa justice, à tel point que l’expression ad perdendas gentes … pour anéantir les peuples est retournée en ad salvandas gentes … pour sauver les peuples.

 

Il est par contre curieux que dans le contexte de l’Avent, l’auteur n’ait pas retenu la fin du verset 18 :

beati omnes qui exspectant eum

heureux tous ceux qui l’attendent

 

Toutefois la cohérence et la concision du texte de l’introït semblent peu favorables à l’inclusion de cette béatitude qui ne serait qu’un ajout superfétatoire : l’allégresse des cœurs de ceux qui processionnent est déjà une réponse évidente à la voix du Seigneur qui va s’exprimer dans toute sa gloire de façon imminente mais que la liturgie anticipe car elle est aussi un mémorial qui se perpétue.

 

Le verset de l’introït utilise le verset 2 du psaume 79, caractéristique de l’Avent - avec en particulier son refrain Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés ! (v. 4.8.20) - C’est la prière du peuple de Sion-Israël-Joseph au bon berger (Ps 22), en réponse à l’interpellation Populus Sion développée dans l’antienne d’introït.

 

V/ Qui regis Israel, intende,

qui deducis velut ovem Ioseph.

V/ Toi qui conduis Israël, prête attention,

Toi qui conduis Joseph comme un troupeau !

 

Sur le psaume 79 voir mon article : http://www.bible-parole-et-paroles.com/2018/12/psaume-79-h-80.html

Populus Sion
Populus Sion

Einsiedeln, Stiftsbibliothek, Codex 121(1151), p. 2 – Graduale – Notkeri Sequentiae

Ce manuscrit de Einsiedeln (10ème siècle) montre les neumes dessinés au-dessus du texte latin. Le "E 2" (Einsiedeln p. 2) inscrit en marge de la transcription solesmienne ci-dessous indique justement la provenance de l'appareil neumatique transcrit au-dessous de la notation établie par les moines. L'écriture neumatique peut être considérée comme la mise en espace sonore du texte de la Parole.

Graduale triplex de Solesmes p. 18

Graduale triplex de Solesmes p. 18

La mélodie grégorienne

 

Populus Sion, ecce Dominus veniet ad salvandas gentes

Peuple de Sion, voici que le Seigneur va venir pour sauver le monde

 

L’intonation sol-ré supérieur attendue en 7ème mode se pose d’abord sur le do qui va faire ici office dans cette 1ère section de corde auxiliaire de composition en attendant la corde principale sur laquelle reposera le développement de la 2ème section. Elle maintient une tessiture élevée dans ce mode qui aime chanter haut, clair et enthousiaste. Cette quinte « différée » sol-do-ré résonne comme une sonnerie de trompette qui interpelle d’emblée le peuple de Sion. L’articulation initiale do-ré, sur populus, en valeurs appuyées, est comme répercutée en échos sur Sion, ecce, Dominus, veniet.

La quinte inversée ré-sol de ecce, très expressive, prépare celle de la majestueuse remontée sur Dominus en valeurs longues.

Ad salvandas gentes redescend en paliers (do-ré-si, si-do-si, sol-la-sol) vers le sol, degré de la finale du mode : le Seigneur vient et se penche sur les peuples à sauver.

 

et auditam faciet Dominus gloriam vocis suae,

Le Seigneur va donner de la voix ! Vous l’entendrez dans toute sa gloire

 

Le début de la 2ème section répercute la sonnerie initiale de trompette sol-do-ré (et auditam). Cette fois-ci la mélodie va s’enrouler autour de la corde principale . Le fa aigu va être atteint à trois reprises (faciet, gloriam, vocis). Il y a évidemment quelque chose de très aérien dans l’évocation de la gloire du Seigneur et qui claironne dans la répétition de cette tierce éclatante ré-fa.

 

in laetitia cordis vestri.

et votre cœur sera dans l’allégresse.

Entre suae et in laetitia se fait entendre à nouveau la quinte ré-sol qui maintient jusqu’au bout l’expression de dynamisme et de joyeux entrain de la pièce. Laetitia fleurit de même en délicates inflorescences jusqu’au mi pour se poser avec assurance sur le de la corde principale. Cordis connaît le même traitement décoratif. Cette joie radieuse promise au peuple sera celle qui ouvrira l’introït du dimanche suivant Gaudete … Réjouissez-vous dans le Seigneur, toujours.

 

 

Comme interprétation j’ai choisi

 

https://www.youtube.com/watch?v=j5Pv15bJw1I

 

 

 

Notes

** François Cassingéna-Trévedy, « Chante et marche, les Introïts I », Ed. Ad Solem, 2012, p. 115-130. Le lecteur désireux d’approfondir se reportera bien sûr à ce livre très complet.

*** Selon la tradition, la basilique a été consacrée vers 325 comme maison des reliques de la Passion ramenées de Terre Sainte par sainte Hélène de Constantinople, mère de l'Empereur romain Constantin Ier. À cette époque, le sol de la basilique est couvert de terre venant de Jérusalem, acquérant ainsi le titre en Hierusalem.

(cf. Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Sainte-Croix-de-J%C3%A9rusalem )

Populus Sion

Photo ci-dessus : « Le graduel de l’abbaye de Bellelay est l’un des premiers manuscrits prémontrés. Il a été rédigé vers 1140-1150 dans un scriptorium du nord de la France, là où l’ordre prémontré a connu sa première expansion. Le manuscrit est ensuite parvenu à Bellelay (Jura suisse) où il est demeuré jusqu’au XVIII° siècle.

Le manuscrit est noté en notation messine, sur quatre lignes guidoniennes avec indication des clés au début des systèmes. A la diastématie ** déjà présente dans ce type de notation, il offre davantage de précision en combinant la souplesse de l’écriture neumatique et la rigueur d’un système théorique permettant de rendre compte exactement des hauteurs, en principe ».

(Olivier Cullin, « L’image musique », Fayard 2006, p. 95)

 

** Diastématie : représentation des intervalles sur une hauteur fictive ou figurée par une ou plusieurs lignes. Les neumes diastématiques cherchent alors à rendre compte de la hauteur des sons.

Populus Sion

Documents

 

Commentaires sur le 2ème dimanche de l’Avent

 

Dom Prosper Guéranger (1805-1875) moine bénédictin de l’abbaye de Solesmes est considéré comme le restaurateur du chant grégorien et un initiateur du « Mouvement liturgique » ; il a écrit « L’année liturgique », une véritable somme qui propose une méditation sur tous les textes de la liturgie. Sur Don Guéranger : http://www.abbayedesolesmes.fr/abbe/dom-prosper-gueranger

 

« L’Office de ce Dimanche est rempli tout entier des sentiments d’espérance et de joie que donne à l’âme fidèle l’heureuse nouvelle de la prochaine arrivée de celui qui est son Sauveur et son Époux. L’Avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour : ouvrons donc nos cœurs, préparons nos lampes, et attendons dans l’allégresse ce cri qui se fera entendre au milieu de la nuit : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes !

 

L’Église Romaine fait en ce jour la Station en la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. C’est dans cette vénérable Église que Constantin déposa une portion considérable de la vraie Croix, avec le Titre qui y fut attaché par ordre de Pilate, et qui proclamait la Royauté du Sauveur des hommes. On y garde encore ces précieuses reliques ; et, enrichie d’un si glorieux dépôt, la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem est considérée, dans la Liturgie Romaine, comme Jérusalem elle-même ; ainsi qu’on peut le voir aux allusions que présentent les diverses Messes des Stations qu’on y célèbre. Dans le langage des saintes Écritures et de l’Église, Jérusalem est le type de l’âme fidèle ; telle est aussi la pensée fondamentale qui a présidé à la composition de l’Office et de la Messe de ce Dimanche …

La solennité du Sacrifice s’ouvre par un chant de triomphe qui s’adresse à Jérusalem, Ce chant exprime la joie qui saisira le cœur de l’homme, quand il aura entendu la voix de son Dieu. Il célèbre la bonté de ce divin Pasteur, pour lequel chacune de nos âmes est une brebis chérie, qu’il est prêt à nourrir de sa propre chair. »

 

Dom Pius Parsch, né Johann Bruno Parsch1 le 18 mai 1884 à Neustift et mort le 11 mars 19542 à Klosterneuburg, est un prêtre autrichien, chanoine régulier de l'abbaye de Klosterneuburg, près de Vienne, principalement connu pour sa participation au mouvement liturgique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pius_Parsch )

 

« Jérusalem. — Aujourd’hui, l’Église occidentale se rend à la messe à « Jérusalem ». L’église de station, « Sainte-Croix de Jérusalem » était considérée par les chrétiens de Rome comme leur Jérusalem.

 

Que signifie pour nous Jérusalem ? Dans les fouilles des cités antiques, il n’est pas rare de découvrir un certain nombre de couches superposées. La ville a été détruite par la main des ennemis et sur ses fondements on en a bâti une nouvelle ; aujourd’hui les fouilles font apparaître ces couches différentes, on trouve pour ainsi dire des villes superposées. Notre Jérusalem présente trois ou même quatre de ces couches.

 

Nous voyons d’abord apparaître la Jérusalem du pays de Judée, cette ville vénérable où le Seigneur Jésus a commencé sa mission de Rédempteur, où il a souffert, où il est mort. C’est la Jérusalem juive pour laquelle nous devons avoir un grand respect. Celui qui a le bonheur de faire un pèlerinage en Terre Sainte pénétrera avec un frisson dans cette ville.

 

Pourtant cette Jérusalem est périmée. Sur ces fondements, une autre Jérusalem s’est bâtie : la Jérusalem des chrétiens qui est le royaume de Dieu sur la terre, la sainte Église. Cette Jérusalem est toujours debout, c’est elle que le divin Roi doit visiter à Noël. Nous comprenons maintenant pourquoi, dans cette semaine, on nous parlera tant de Jérusalem. Nous devons commencer dès maintenant nos préparatifs pour la visite du grand Roi. Nous devons orner cette Jérusalem et lui donner sa parure de fête. Nous devons mettre en état les chemins et les rues pour que le Sauveur puisse venir. Maintenant aussi, nous comprenons la parole du Précurseur : « Préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers, toute vallée sera comblée et toute montagne sera abaissée ». Quel message nous apporte donc, aujourd’hui, notre sainte Mère l’Église ? Le Seigneur vient dans la Jérusalem des chrétiens, dans l’Église.

 

Mais cette ville a encore un troisième étage. Au-dessus de la seconde Jérusalem s’en élèvera une troisième, la Jérusalem céleste, quand les temps seront accomplis.

 

L’Église pense déjà à cette Jérusalem dans ses chants. Dans l’Avent nous attendons aussi le Sauveur qui doit venir au dernier jour pour nous introduire tous dans la Jérusalem céleste. Enfin nous pouvons découvrir une quatrième Jérusalem, c’est notre âme. Le Roi veut aussi faire son entrée dans cette Jérusalem et c’est cette Jérusalem qu’il nous importe spécialement d’orner et de préparer — cela aussi est une tâche de l’Avent. »

(extrait du « Guide dans l’année liturgique »)

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