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Puer natus est

Un enfant nous est né,

un fils nous a été donné,

le pouvoir repose sur ses épaules,

et on lui donnera pour nom : Ange du grand conseil.

V/ Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.

 

(Is 9, 6 ; Ps 97, 1)

 

Puer natus est nobis,

et filius datus est nobis,

cujus imperium super humerum ejus,

et vocabitur nomen ejus magni consilii Angelus.

V/ Cantate Domino canticum novum, quia mirabilia fecit.

 

Introït de la Messe du Jour de Noël

 

Photo d’entête : Enluminure de graduel par Don Silvestro dei Gherarducci pour Paolo (Florence vers 1392–1399) (Photo Wikimedia commons)

Le P initial commence l'introït de la messe de Noël Puer natus est nobis. Le prophète Isaïe peut être représenté au centre de la tige du P. La tête juste au-dessous est celle d'un berger. L'ovale renferme la Nativité, qui est mise en scène devant une grotte avec le bœuf et l'âne. La Vierge allaite son enfant, tandis que Joseph prostré baise son pied. Au bas de la tige du P figure l'Annonciation aux bergers avec un ange portant un rameau d'olivier (paix aux hommes de bonne volonté) et, en bas à droite, un berger jouant de la cornemuse. Même les moutons, en bas au centre sont animés.

 

Ci-dessous : Graduel de Maastricht (vers XV° s.). (Photo Wikimedia commons)

Puer natus est

Liens vers les articles sur les autres introïts des messes de Noël

Introït Dominus dixit de la messe de la nuit : 

http://www.bible-parole-et-paroles.com/2017/12/dominus-dixit-ad-me.html

Introït Lux fulgebit de la messe de l’aurore :

http://www.bible-parole-et-paroles.com/2022/12/lux-fulgebit.html

 

Proclamons, chantons le merveilleux Nouveau-né

 

Si l’introït Dominus dixit ad me de la Messe de la nuit mettait l’accent sur la filiation divine de Jésus, et celui de la Messe d l’Aurore Lux fulgebit met en relief la naissance du Seigneur, lumière d’une aurore nouvelle pour le monde, l’introït Puer natus est concentre notre attention sur l’Enfant qui est né, un Fils a nous donné par avance par son Père, un Fils qui nous invitera à partager le Royaume dont il a hérité de son père.

Cet introït reflète la joie spontanée qui éclate à la naissance de l’Emmanuel (Mt 1, 22-23), signe que Dieu partage notre condition humaine.

 

Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? (Rm 8, 31-32)

 

Cette joie est d’ailleurs suggérée dans le texte d’Isaïe d’où est extrait notre introït :

Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. (Is 9, 2)

Puer natus est

Photo ci-dessus : Manuscrit Cutting (fin du XII° s.)

P initial historié à 2 lignes (Nativité : Vierge Marie, Christ, bœuf et âne, deux anges) avec descendeur décoré descendant sur 5 lignes supplémentaires, se terminant par des têtes d'oiseaux et un visage humain. (Photo Wikimedia commons)

Le texte de l’introït

 

Un enfant nous est né,

un fils nous a été donné,

le pouvoir repose sur ses épaules,

et on lui donnera pour nom : Ange du grand conseil.

V/ Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.

 

Le texte de l’introït est emprunté au chapitre 9 du prophète Isaïe (v. 6). Après avoir évoqué les malheurs du peuple hébreu, celui-ci envisage la délivrance, la joie et la paix avec l’apparition d’un enfant merveilleux qui affermira pour toujours le trône de David. Nul mieux qu’un enfant ne peut personnaliser la foi en un avenir meilleur comme une lumière qui brille dans les ténèbres.

Les premiers chrétiens puis l’Eglise purent sans hésiter voir dans cet enfant annoncé par Isaïe le Messie né de Marie.

Cet enfant est un fils ; il sera bientôt reconnu Fils de Dieu par les chrétiens. C’est par les fils que la lignée générationnelle se perpétue.

 

Il m'a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. » (Ps 2, 7) est-il chanté dans l’introït de la Messe de nuit

 

Les épaules rappellent les charges diverses souvent portées par celles-ci dans l’antiquité. Ce peut être aussi le fardeau de l’esclavage comme le rappel Isaïe dans ce même chapitre 9 (v. 3) :

Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. (Is 9, 3)

 

Symboliquement les épaules supportent la charge du pouvoir :

Sur l’épaule de l’enfant reposera le pouvoir (Is 6,5). Le mot latin imperium signifie à la fois pouvoir et territoire sur lequel s’exerce ce pouvoir, à savoir le royaume, l’empire.

Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. (Is 9, 6)

Cependant Jésus refusera la royauté temporelle pour établir un tout autre royaume (cf. mon article http://www.bible-parole-et-paroles.com/2015/11/le-royaume-est-deja-la.html )

 

 

magni consilii Angelus est calqué sur le grec de la Septante megalès boulès angelos, ange du grand conseil.

 

On retrouve dans Is 28, 29, cette idée de grand-merveilleux conseil attribuée à Dieu :

Tout cela est un don de Yahvé Sabaot, merveilleux conseil qui fait de grandes choses. (Is, 28, 29)

Ce passage, traduit cette fois de l’hébreu, met en relief une sagesse paysanne héritière de la Sagesse divine : Dieu a une conduite avisée envers son peuple. Jésus en sera l’Ange annonciateur.

Les écrits sapientiaux qui viendront ensuite et inspireront le Nouveau Testament mettent particulièrement en relief cette Sagesse divine qui conduit l’univers :

 

Or la Sagesse est avec toi, elle qui sait tes œuvres ; elle était là quand tu fis l’univers ; elle connaît ce qui plaît à tes yeux, ce qui est conforme à tes décrets.

Des cieux très saints, daigne l’envoyer, fais-la descendre du trône de ta gloire. Qu’elle travaille à mes côtés et m’apprenne ce qui te plaît. (Sg 9, 9-10)

 

En effet, en Jésus se trouveront tous les trésors de sagesse du Père :

Je combats pour que leurs cœurs soient remplis de courage et pour que, rassemblés dans l’amour, ils accèdent à la plénitude de l’intelligence dans toute sa richesse, et à la vraie connaissance du mystère de Dieu. Ce mystère, c’est le Christ, en qui se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. (Col 2, 2-3)

 

Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.

C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. (Lc 21, 14-15)

 

Ange du grand Conseil est l’un des quatre noms donnés à l’enfant par Isaïe :

Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix (Is 9, 5)

 

 

Parvulus enim natus est nobis,

Puer natus est nobis,

 

et filius datus est nobis,

et filius datus est nobis,

 

et factus est principatus super humerum ejus :

cujus imperium super humerum ejus,

 

et vocabitur nomen ejus,  Admirabilis, Consiliarius,

et vocabitur nomen ejus magni consilii Angelus.

 

 

Deus, Fortis, Pater futuri sæculi, Princeps pacis.

 

(Is 9, 6 Vulgate clémentine)

 

Ce verset 6 de la Vulgate correspond au verset 5 de la Septante. Au-dessous de chaque verset de la Vulgate nous avons mis le texte correspondant de l’introït.

 

Celui-ci laisse apparaître quelques différences faisant supposer une autre source latine que la Vulgate et plus proche qu’elle du texte de la Septante.

 

Nous avons traité plus haut la partie magni consilii Angelus traduit par Ange du grand conseil, le texte de la vulgate pouvant lui être traduit par merveilleux conseiller.

 

Juste avant, le texte de l’introït cujus imperium … se rapproche là encore davantage de la Septante. Le texte de la Vulgate, un peu plus développé, a le même sens.

Au début, enim (en effet) est supprimé car il marque l’articulation devenue inutile avec ce qui précède. Puer remplace parvulus qui par contre est plus proche du grec de la Septante  paidion qui désigne le très jeune enfant ; Puer désigne plus classiquement un enfant ; l’emploi de ce mot court permet ici de donner un grand élan à la phrase musicale.

 

Le verset est tiré du psaume 97 (v. 1), chant de louange qui s’adresse à Dieu qui règne sur toute la terre :

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.

Chant du renouveau de l’Alliance à travers cette merveille de l’Enfant Dieu et qui pourrait être aussi celui des anges apparus aux bergers.

Puer natus est

Ci-dessus : Einsiedeln, Stiftsbibliothek, Codex 121(1151), p. 30 – Graduale – Notkeri Sequentiae

 

Ce manuscrit de Einsiedeln (10ème siècle) montre les neumes dessinés au-dessus du texte latin. Le "E 30" (Einsiedeln p. 30) inscrit en marge de la transcription solesmienne ci-dessous indique justement la provenance de l'appareil neumatique transcrit au-dessous de la notation établie par les moines. L'écriture neumatique peut être considérée comme la mise en espace sonore du texte de la Parole.

Graduale Triplex de Solesmes pp.47-48
Graduale Triplex de Solesmes pp.47-48

Graduale Triplex de Solesmes pp.47-48

La mélodie grégorienne

 

L’introït Dixit Dominus ad me reflétait le silence de la nuit, l’intimité de la crèche et de la confidence intra-trinitaire du Père à son Fils : Tu es mon Fils …

 

L’introït de la Messe de l’Aurore Lux fulgebit (Aujourd’hui la lumière resplendira sur nous), empruntant comme Puer natus est au chapitre 9 d’Isaïe, a toute la spontanéité et la clarté du renouveau matinal de la lumière du soleil à l’image du Soleil de Justice annoncé par le prophète Malachie :

« Le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. Vous sortirez en bondissant comme de jeunes veaux à la pâture. » (Ml 3, 20)

 

Lumière qui est aussi celle qui accompagne l’apparition de l’ange aux bergers : L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. (Lc 2, 9)

 

 

L’Introït Puer natus de la messe du jour pourrait être considéré comme une synthèse des deux précédents introïts : même joie radieuse du second associée à la contemplation de l’enfant dans l’intimité de la crèche propre au premier.

Les bergers se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.

Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. (Lc 2, 16-17.19)

 Le compositeur a traduit dans le texte musical ces différents climats.

Du 7ème mode choisi pour cet introït, mode de la joie lumineuse, nous remarquons ici la formule d’intonation caractéristique, la quinte sol-ré, qui tel un cri invite à partager la joie de cette naissance. Le mot puer choisi par le compositeur, bisyllabique, avec ses consonnances rudes renforcées musicalement par des valeurs appuyées (pes quadratus puis virga épisémée) devait résonner avec grande ampleur dans les acoustiques généreuses des grandes abbayes romanes.

La phrase musicale se poursuit dans le registre aigu en appui sur la corde do : est sert de pivot (trois mêmes notes en répercussion ou tristropha) à deux broderies sur les syllabes accentuées de natus et nobis : joie de savoir que cet enfant est pour nous, c’est-à-dire maintenant la terre entière et plus seulement le peuple hébreu.

Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure. (Is 11, 10)

Si la quinte sol-ré redonne le même élan, cette fois plus léger (liquescence), à la deuxième incise, filius et le nobis suivant, par leur courbe descendante, semblent suggérer le mouvement de l’Incarnation.

 

A ce mouvement descendant, fait suite le large mouvement ascensionnel de cujus imperium du sol au fa supérieur (apex : note la plus haute de la pièce) : c’est dans son abaissement que le Christ a trouvé tout son pouvoir et sa gloire :

Le Christ s’est fait, pour nous, obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé souverainement et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom. (Ph 2, 8-9)

 

La mélodie va ensuite s’installer sur la corde solide de do marquant la plénitude et l’assurance de ce pouvoir avec le renforcement de trois tristropha sur humerum, vocabitur et nomen ; quelques broderies touchant le mi sur les syllabes accentuées de humerum et vocabitur mettent en relief par opposition cette tranquille assurance. Là encore il faut se remettre dans le contexte d’une acoustique généreuse qui, en renforçant ces notes répercutées par leurs échos, va conférer à cette proclamation une ampleur à la dimension du monde auquel elle est destinée.

Les deux ejus ont la même finale (do-si-la-si-la) qui confère une certaine allure psalmodique à ces deux incises que nous venons d’étudier.

 

Magni consilii Angelus … Ange du grand conseil

Cette incise apporte une conclusion qui établit en majesté la filiation divine de l’enfant et sa mission.  Deux pes légers (do-mi et sol-do) renouvellent l’ample élan initial avec la légèreté qui sied à un ange. La note pivot les sépare et introduit de nouveau, mais inversée, cette quinte initiale sol-ré. La distropha sur do rappelle les tristropha précédentes. La cadence finale sur Angelus se fait tout en retenue dans la contemplation.

 

« Le Verbe est désigné par comme Ange du grand conseil. Il a en effet annoncé la volonté de Dieu aux hommes » (Saint Epiphane, cité par Mère Immaculata)

Graduel italien (début XV° s.), bibliothèque de Philadelphie, coll. de manuscrits Lewis. (Photo Wikimedia commons)

Graduel italien (début XV° s.), bibliothèque de Philadelphie, coll. de manuscrits Lewis. (Photo Wikimedia commons)

Comme interprétations j’ai choisi

 

  • Une interprétation avec une mélodie parfois légèrement différente de celle restituée par Solesmes et tenant compte d’une différente compréhension des manuscrits. L’acoustique très généreuse vient corroborer quelques-unes de mes remarques : https://www.youtube.com/watch?v=vazVslEFgEM

 

  • Une interprétation encore différente, polyphonique, par l’Ensemble Diabolus in musica (la photo représente cependant les moines de Ligugé !) :

https://www.youtube.com/watch?v=-D8syvlSW7E

 

  • Une vidéo avec une explication intéressante sur l’interprétation de l’introït Puer natus est :

https://www.youtube.com/watch?v=yt9PKLNllMA

 

 

Compléments

 

Improvisations à l’orgue sur le thème de l’introït Puer natus est :

  • Olivier Messiaen à son orgue de la Trinité à Paris en octobre 1985 :

https://www.youtube.com/watch?v=9wz_22uoKCI

  • Thomas Ospital à l’orgue de Saint-Eustache à Paris en janvier 2016 :

https://www.youtube.com/watch?v=hByD1Cqm4x4

 

Œuvres pour orgue inspirées du thème du Puer natus est :

+ Charles Tournemire (1870-1939), L’orgue mystique, Prélude à l’introït Puer natus est, suivi du chant : https://www.youtube.com/watch?v=msqW7YGOr5I

 

+ Charles-Marie Widor (1844-1937), Neuvième symphonie dite « gothique », les 3° et 4° mouvements font entendre le thème du Puer natus est.

Allegro : https://www.youtube.com/watch?v=KOd4_wODu9M

Moderato (suite de 6 variations) : https://www.youtube.com/watch?v=KQNSXo8Y794&list=OLAK5uy_m9wM3wdBPCU6BYCrB6KIqmN9pS8Sib6G4&index=4

 

+ On pourra écouter la version de l’introït Puer natus est en chant vieux romain (VI°-XIII° s.). Ce chant très orientalisant évoque pour nous le chant des Eglises orthodoxes. Ensemble Organum dirigé par Marcel Pérès : https://www.youtube.com/watch?v=o1TjcrQhgw8

 

+ Eric Lebrun (compositeur contemporain), Trois motets pour le temps de Noël, Puer natus est

 

 

Bibliographie

  • Dom Gajard, Les plus belles mélodies grégoriennes, Ed. Solesmes, 1985, pp. 63-64.
  • Chronique des moniales de l’Abbaye Notre-Dame du Pesquié, N°171, décembre 2008, article de Mère Immaculata pp. 13-18.
Puer natus est

Ci-dessus : Laon, Bibliothèque municipale, Manuscrit de Notre-Dame de Laon, n° 239 f° 28

Cet exceptionnel Graduel de la fin du IX° siècle provient de Notre-Dame de Laon. Il constitue l’un des plus beaux fleurons de la notation messine et il a été vraisemblablement en usage dans la cathédrale jusqu’au XIII° siècle. Livre de travail ou livre d’un maître de chœur savant, la mélodie a été notée avec un soin tout particulier … Ecriture rapide, faite de pleins et de déliés subtils sur une plume d’une grande souplesse déterminant des angles aigus et des signes allongés, la notation messine est profondément élégante. La répartition des neumes traduit déjà une certaine diastématie **

(Olivier Cullin, « L’image musique », Fayard 2006, p. 45)

Manuscrit de Bellelay p. 33

Manuscrit de Bellelay p. 33

Manuscrit de Bellelay p. 34

Manuscrit de Bellelay p. 34

Ci-dessus : Porrentruy, Bibliothèque cantonale jurassienne, Ms 18, graduel de l'abbaye de Bellelay, pp. 33-34

« Le graduel de l’abbaye de Bellelay est l’un des premiers manuscrits prémontrés. Il a été rédigé vers 1140-1150 dans un scriptorium du nord de la France, là où l’ordre prémontré a connu sa première expansion. Le manuscrit est ensuite parvenu à Bellelay (Jura suisse) où il est demeuré jusqu’au XVIII° siècle.

Le manuscrit est noté en notation messine, sur quatre lignes guidoniennes avec indication des clés au début des systèmes. A la diastématie ** déjà présente dans ce type de notation, il offre davantage de précision en combinant la souplesse de l’écriture neumatique et la rigueur d’un système théorique permettant de rendre compte exactement des hauteurs, en principe ».

(Olivier Cullin, « L’image musique », Fayard 2006, p. 95)

** Diastématie : représentation des intervalles sur une hauteur fictive ou figurée par une ou plusieurs lignes. Les neumes diastématiques cherchent alors à rendre compte de la hauteur des sons.

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