La violence dans les psaumes
La violence est souvent présente dans la bible de la Genèse à l’Apocalypse. Les psaumes présentent fréquemment le psalmiste en but à ses ennemis ou adversaires. Il demande à Dieu de les anéantir et lance parfois des imprécations d’une rare violence :
O Babylone misérable, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus ;
heureux qui saisira tes enfants, pour les briser contre le roc ! (Ps 137, 8-9)
Ta main trouvera tes ennemis, ta droite trouvera tes adversaires.
Tu parais, tu en fais un brasier : la colère du Seigneur les consume, un feu les dévore.
Tu aboliras leur lignée sur la terre et leur descendance parmi les hommes.
S'ils trament le mal contre toi, s'ils préparent un complot, ils iront à l'échec.
Oui, tu les renverses et les terrasses ; ton arc les vise en plein cœur. (Ps 21, 9-13)
Les psaumes sont chantés par les moines ou moniales dans ce qui est appelé l’Office divin. Ils sont récités ou chantés par les prêtres ou les laïques au cours de la Liturgie des Heures (autrefois bréviaire).
Quand ils étaient récités ou chantés en latin par des initiés, la violence de tels passages se faisait discrète. On recommandait toutefois de ne pas s’y appesantir.
Malgré tout, nous ne dirons ces passages que du bout des lèvres, laissant au Dieu de justice, qui est aussi celui de la miséricorde, le soin de rendre à chacun selon ses œuvres. (Chanoine Osty, introduction à sa traduction des psaumes, Ed. Rencontre, p. 52)
Quand les psaumes furent récités ou chantés en français dans la continuité de la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II, cette violence se fit manifeste et certains psaumes (par exemple Ps 110) ou passages de psaumes furent omis. Aujourd’hui, surtout dans des communautés religieuses, ils sont à nouveau admis dans l’office. En effet, une autre lecture en est faite, contextualisée avec l’ensemble du psautier et admettant les apports nouveaux de la psychologie humaine. C’est dans le cadre de ce questionnement que je voudrais ici mener ma réflexion avec l’éclairage d’une bibliographie qui s’enrichit peu à peu (voir ci-dessous). Le caractère restreint de cette étude m’a contraint à ne retenir pour ses différentes étapes qu’une ou deux citations ; elles pourraient évidemment être multipliées tant ce thème de la violence est récurrent dans tous les psaumes.
Photo d’entête : « La victoire de Gédéon contre les madianites » (vers 1625) par Nicolas Poussin (1594-1665), Huile sur toile 98x137 cm, Pinacothèque vaticane (Photo Wikimedia commons)
Le Seigneur dit à Gédéon : « Le peuple qui est avec toi est trop nombreux pour que je livre Madiane entre ses mains. Israël pourrait s’en glorifier et dire : “C’est ma main qui m’a sauvé.” (Jg 7, 2)
Photo ci-dessous : David combattant un démon, symbolisé par un lion, France, Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Ms. 9 f. 194. Cf. 1 S 17, 34-36.
Qui est le psalmiste ?
Les psaumes sont traditionnellement attribués au roi David. Seuls 74 sur 150 sont précédés de la mention « de David ». D’autres comportent d’autres attributions tandis que 48 demeurent sans attribution. La période de composition des psaumes s’étendrait du X° siècle au premier tiers du II ° siècle (Osty p. 39). Les psaumes, d’origines et d’époques diverses, ont été rassemblés en un recueil dont on peut dire qu’il s’est constitué en hommage au célèbre roi David, poète et musicien, organisateur du chant liturgique, dont la vie aux épisodes « contrastés » correspond bien à la variété des situations et des sentiments évoqués dans les divers psaumes.
Le « je » et le « nous » alternent fréquemment, dans une équivalence apparente :
Toi, Dieu, tu es mon roi, tu décides des victoires de Jacob :
avec toi, nous battions nos ennemis ; par ton nom, nous écrasions nos adversaires. (Ps 44, 5-6)
Vers toi j'ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel.
Comme les yeux de l'esclave vers la main de son maître, comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié. (Ps 123, 1-2)
(idem dans les Ps 66, 85, 137, 144 …)
D’autres fois le « je » s’identifie avec un groupe :
- Les pauvres
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! » (Ps 22, 26-27)
- Le peuple
Le Seigneur est ma force et mon rempart ; à lui, mon coeur fait confiance : il m'a guéri, ma chair a refleuri, mes chants lui rendent grâce.
Le Seigneur est la force de son peuple, le refuge et le salut de son messie. (Ps 28, 7-8)
- Israël
Mon âme attend le Seigneur plus qu'un veilleur ne guette l'aurore. Plus qu'un veilleur ne guette l'aurore,
attends le Seigneur, Israël. Oui, près du Seigneur, est l'amour ; près de lui, abonde le rachat. (Ps 130, 6-7)
C’est parce que ce « je » peut se configurer à l’universel que nous pouvons encore maintenant nous y reconnaître, comme tous les croyants, depuis leur composition, et en faire toujours notre prière tant collective qu’individuelle.
« Aujourd’hui en mettant ‘’Moi‘’ dans le ‘’Je‘’, nous acceptons une longue expérience historique de malheurs, nous faisons corps avec un peuple. Un des effets de la prière des Psaumes, c’est que même le cri de la solitude n’est plus solitaire, puisqu’il fond beaucoup de cris en un seul qui se répète. Pousser ce cri avec notre souffle, dans notre isolement, ou le pousser avec notre compagnon le psalmiste, ce n’est pas la même chose ! » (Beauchamp,op. cit., p. 20)
Qui sont les ennemis, adversaires ?
- De simples méchants, ennemis personnels
Seigneur, qu'ils sont nombreux mes adversaires, nombreux à se lever contre moi,
nombreux à déclarer à mon sujet : « Pour lui, pas de salut auprès de Dieu ! »
(Ps 3, 2-3. )
Ces adversaires, nombreux, sans précision, défient Dieu à travers le psalmiste.
- Parfois des proches, des amis
Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer ; si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober.
Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime !
Que notre entente était bonne, quand nous allions d'un même pas dans la maison de Dieu ! (Ps 55, 13-15)
Ils me rendent le mal pour le bien, ils paient mon amitié de leur haine. (Ps 109, 5)
- Ennemis du psalmiste et de Dieu
Comment ne pas haïr tes ennemis, Seigneur, ne pas avoir en dégoût tes assaillants ?
Je les hais d'une haine parfaite, je les tiens pour mes propres ennemis. (Ps 139, 21-22)
C'est pour toi que j'endure l'insulte, que la honte me couvre le visage :
je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère.
L'amour de ta maison m'a perdu ; on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi. (Ps 69, 8-10)
Tes adversaires profanent ton nom : ils le prononcent pour détruire.
Comment ne pas haïr tes ennemis, Seigneur, ne pas avoir en dégoût tes assaillants ?
Je les hais d'une haine parfaite, je les tiens pour mes propres ennemis. (Ps 139, 20-22)
- Ennemis d’Israël et de son Dieu
Vois tes ennemis qui grondent, tes adversaires qui lèvent la tête.
Contre ton peuple, ils trament un complot, ils intriguent contre les tiens.
Ils disent : « Venez ! retranchons-les des nations : que soit oublié le nom d'Israël ! »
Oui, tous ensemble ils intriguent ; ils ont fait alliance contre toi (Ps 83, 3-6)
« Ah ! Si mon peuple m'écoutait, Israël, s'il allait sur mes chemins !
Aussitôt j'humilierais ses ennemis, contre ses oppresseurs je tournerais ma main.
« Mes adversaires s'abaisseraient devant lui ; tel serait leur sort à jamais ! (Ps 81, 14-16)
- Des impies
L'impie, dans son orgueil, poursuit les malheureux : ils se font prendre aux ruses qu'il invente.
L'impie se glorifie du désir de son âme, l'arrogant blasphème, il brave le Seigneur ;
plein de suffisance, l'impie ne cherche plus : « Dieu n'est rien », voilà toute sa ruse. (Ps 10, 2-4)
- Des accusateurs qui profèrent le mensonge et humilient :
Combien de temps tomberez-vous sur un homme pour l'abattre, vous tous, comme un mur qui penche, une clôture qui croule ?
Détruire mon honneur est leur seule pensée : ils se plaisent à mentir. Des lèvres, ils bénissent ; au fond d'eux-mêmes, ils maudissent. (Ps 62, 4-5)
- Ennemis comparés à des animaux
Les méchants sont dévoyés dès le sein maternel, menteurs, égarés depuis leur naissance ;
ils ont du venin, un venin de vipère, ils se bouchent les oreilles, comme des serpents
qui refusent d'écouter la voix de l'enchanteur, du charmeur le plus habile aux charmes.
Dieu, brise leurs dents et leur mâchoire, Seigneur, casse les crocs de ces lions (Ps 58, 4-7)
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m'encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi. (Ps 22, 13-14)
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds (Ps 22, 17)
- Les ténèbres, les maladies
Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour,
ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi.
Qu'il en tombe mille à tes côtés, qu'il en tombe dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d'atteinte. (Ps 91, 5-7)
- Dieu allié objectif des ennemis contre l’homme
Dans le psaume 44 le psalmiste rappelle d’abord les bienfaits de l’assistance divine :
Tu nous as donné de vaincre l'adversaire, tu as couvert notre ennemi de honte.
Dieu était notre louange, tout le jour : sans cesse nous rendions grâce à ton nom. (Ps 44, 8-9)
Puis il regrette que Dieu se soit maintenant retourné contre son peuple sans qu’il puisse en comprendre les raisons :
Maintenant, tu nous humilies, tu nous rejettes, tu ne sors plus avec nos armées.
Tu nous fais plier devant l'adversaire, et nos ennemis emportent le butin.
Tu nous traites en bétail de boucherie, tu nous disperses parmi les nations.
Tu vends ton peuple à vil prix, sans que tu gagnes à ce marché.
Tu nous exposes aux sarcasmes des voisins, aux rires, aux moqueries de l'entourage.
Tu fais de nous la fable des nations ; les étrangers haussent les épaules.
Tout le jour, ma déchéance est devant moi, la honte couvre mon visage,
sous les sarcasmes et les cris de blasphème, sous les yeux de l'ennemi qui se venge.
Tout cela est venu sur nous sans que nous t'ayons oublié : nous n'avions pas trahi ton alliance. (Ps 44, 10-18
Dieu est alors interpellé sans ménagement :
C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, qu'on nous traite en bétail d'abattoir.
Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Lève-toi ! Ne nous rejette pas pour toujours.
Pourquoi détourner ta face, oublier notre malheur, notre misère ? (Ps 44, 23-25)
« David vainqueur de Goliath », 1550 / 1555 (3e quart du XVIe siècle), Daniele Da Volterra (Daniele Ricciarelli, dit), Italie, Louvre INV 566 ; MR 174. Cf. 1 S 17
Quelles violences ?
- Violences psychologiques :
Propos haineux, parfois dissimulés, mensongers, moqueurs :
Seigneur, que ta justice me conduise ; des ennemis me guettent : aplanis devant moi ton chemin.
Rien n'est vrai dans leur bouche, ils sont remplis de malveillance ; leur gosier est un sépulcre béant, et leur langue, un piège. (Ps 5, 9-10)
Unis contre moi, mes ennemis murmurent, à mon sujet, ils présagent le pire :
« C'est un mal pernicieux qui le ronge ; le voilà couché, il ne pourra plus se lever. » (Ps 41, 8-9)
Nous sommes la risée des voisins, la fable et le jouet de l'entourage. (Ps 79, 4)
Cette violence psychologique est même ressentie physiquement :
Que de mal ils m'ont fait dès ma jeunesse : ils ne m'ont pas soumis !
Sur mon dos, des laboureurs ont labouré et creusé leurs sillons ; mais le Seigneur, le juste, a brisé l'attelage des impies. (Ps 129, 2-4)
Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu'aux os, moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? » (Ps 42, 11)
- Arrogance, ruse, blasphème :
L'impie, dans son orgueil, poursuit les malheureux : ils se font prendre aux ruses qu'il invente.
L'impie se glorifie du désir de son âme, l'arrogant blasphème, il brave le Seigneur ;
plein de suffisance, l'impie ne cherche plus : « Dieu n'est rien », voilà toute sa ruse. (Ps 10, 2-4)
- Violences physiques :
Le méchant affûte son épée, il tend son arc et le tient prêt.
Il se prépare des engins de mort ; de ses flèches, il fait des brandons. (Ps 7, 13-14)
Délivre-moi de mes ennemis, mon Dieu ; de mes agresseurs, protège-moi.
Délivre-moi des hommes criminels ; des meurtriers, sauve-moi.
Voici qu'on me prépare une embuscade : des puissants se jettent sur moi. (Ps 59, 2-4)
Mais ces violences physiques sont plutôt à prendre au sens figuré ; elles préfigurent le combat spirituel de la tradition chrétienne :
Si des méchants s'avancent contre moi pour me déchirer, ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires, qui perdent pied et succombent.
Qu'une armée se déploie devant moi, mon coeur est sans crainte ; que la bataille s'engage contre moi, je garde confiance. (Ps 27, 2-3)
Le psalmiste ressent en lui ces violences qui se sont déchaînées contre le temple, demeure de Dieu parmi les Israélites, sous la domination de Nabuchodonosor en 587-586, et qui précédèrent leur exil :
Dirige tes pas vers ces ruines sans fin, l'ennemi dans le sanctuaire a tout saccagé ;
dans le lieu de tes assemblées, l'adversaire a rugi et là, il a planté ses insignes.
On les a vus brandir la cognée, comme en pleine forêt,
quand ils brisaient les portails à coups de masse et de hache.
Ils ont livré au feu ton sanctuaire, profané et rasé la demeure de ton nom.
Ils ont dit : « Allons ! Détruisons tout ! » Ils ont brûlé dans le pays les lieux d'assemblées saintes. (Ps 74, 3-8)
Ci-dessus : « Le déluge », auteur inconnu du « Livre des miracles d'Augsbourg ». Manuscrit illuminé publié à Augsbourg vers 1552, il liste sous forme d'illustrations colorées très spectaculaires, dans une première partie tout ce que le monde terrestre a vécu comme manifestations divines ou surnaturelles, de la Genèse à l'apocalypse de Saint-Jean, puis, dans une deuxième partie les événements non bibliques de l'Antiquité jusqu'en 1552. Cf. Gn 6,7, 8.
Répliquer aux ennemis
Au sein du psaume 18 nous assistons à deux formes de répliques :
- Celle de Dieu dont la puissance se confond avec celles des forces telluriques ou celles d’un véritable guerrier qui décoche des flèches. Elle s’apparente à un récit apocalyptique :
Dans mon angoisse, j'appelai le Seigneur ; vers mon Dieu, je lançai un cri ; de son temple il entend ma voix : mon cri parvient à ses oreilles.
La terre titube et tremble, les assises des montagnes frémissent, secouées par l'explosion de sa colère.
Une fumée sort de ses narines, de sa bouche, un feu qui dévore, une gerbe de charbons embrasés.
Il incline les cieux et descend, une sombre nuée sous ses pieds :
d'un kéroub, il fait sa monture, il vole sur les ailes du vent.
Il se cache au sein des ténèbres et dans leurs replis se dérobe : nuées sur nuées, ténèbres diluviennes.
Une lueur le précède, ses nuages déferlent : grêle et gerbes de feu.
Tonnerre du Seigneur dans le ciel, le Très-Haut fait entendre sa voix : grêle et gerbes de feu.
De tous côtés, il tire des flèches, il décoche des éclairs, il répand la terreur. (Ps 18, 7-15)
- La réplique du psalmiste, qui fait partie du peuple des humbles (Ps 18, 28), avec l’appui du Seigneur car il a suivi ses voies :
Le Seigneur me traite selon ma justice, il me donne le salaire des mains pures,
car j'ai gardé les chemins du Seigneur, jamais je n'ai trahi mon Dieu. (Ps 18, 21-22)
Le psalmiste revit en lui-même ce combat imaginé d’après tous les autres récits qu’il connaît des batailles livrées par Israël :
C'est le Dieu qui m'emplit de vaillance et m'indique un chemin sans reproche.
Il me donne l'agilité du chamois, il me tient debout sur les hauteurs,
il exerce mes mains à combattre et mon bras, à tendre l'arc.
Par ton bouclier tu m'assures la victoire, ta droite me soutient, ta patience m'élève.
C'est toi qui allonges ma foulée sans que faiblissent mes chevilles.
Je poursuis mes ennemis, je les rejoins, je ne reviens qu'après leur défaite ;
je les abats : ils ne pourront se relever ; ils tombent : les voilà sous mes pieds.
Pour le combat tu m'emplis de vaillance ; devant moi tu fais plier mes agresseurs.
Tu me livres des ennemis en déroute ; j'anéantis mes adversaires.
Ils appellent ? pas de sauveur ! le Seigneur ? pas de réponse !
J'en fais de la poussière pour le vent, de la boue qu'on enlève des rues. (Ps 18, 33-43)
La violence de la réplique est parfois extrême, dépassant même celle habituellement décrite chez les ennemis :
O Babylone misérable, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus heureux qui saisira tes enfants, pour les briser contre le roc ! (Ps 137, 8-9)
Passage expurgé de la Liturgie des Heures tandis que Le psaume 58 en a été totalement éliminé (voir ci-dessus) :
Plus vite qu'un feu de ronces ne lèche la marmite, que le feu de ta colère les emporte !
Joie pour le juste de voir la vengeance, de laver ses pieds dans le sang de l'impie ! (Ps 58, 10-11)
De même le psaume 83 :
Traite-les comme tu fis de Madian, de Sissera et Yabin au torrent de Qissôn :
ls ont été anéantis à Enn-Dor, ils ont servi de fumier pour la terre. (Ps 83, 10-11)
Dieu, rends-les pareils au brin de paille, à la graine qui tourbillonne dans le vent. (Ps 83, 14)
Et le psaume 109 :
Que ses fils deviennent orphelins, que sa femme soit veuve.
« Qu'ils soient errants, vagabonds, ses fils, qu'ils mendient, expulsés de leurs ruines. (Ps 109, 9-10)
Puisqu'il aime la malédiction, qu'elle entre en lui ; il refuse la bénédiction, qu'elle s'éloigne de lui !
Il a revêtu comme un manteau la malédiction, qu'elle entre en lui comme de l'eau, comme de l'huile dans ses os !
Qu'elle soit l'étoffe qui l'habille, la ceinture qui ne le quitte plus !
C'est ainsi que le Seigneur paiera mes accusateurs, ceux qui profèrent le mal contre moi. (Ps 109, 17-20)
Laisse ta colère … les méchants seront déracinés (Ps 37, 8-9)
La riposte de Dieu lui-même ou de l’homme qui implore son aide sont à la mesure de la violence des ennemis. Il faut rappeler que pour les Hébreux la justice de Dieu ne s’exerçait pas dans l’au-delà réduit à un shéol peuplé des ombres des morts réduits à une existence quasi larvaire. Justice divine devait donc être rendue sur terre à chacun selon ses oeuvres :
Traite-les d'après leurs actes et selon leurs méfaits ; traite-les d'après leurs oeuvres, rends-leur ce qu'ils méritent.
Ils n'ont compris ni l'action du Seigneur ni l'oeuvre de ses mains ; que Dieu les renverse et jamais ne les relève ! (Ps 28, 4-5)
Les méchants peuvent subir eux-mêmes les conséquences de leurs méfaits :
Ne t'indigne pas à la vue des méchants, n'envie pas les gens malhonnêtes ;
aussi vite que l'herbe, ils se fanent ; comme la verdure, ils se flétrissent. (Ps 37, 1-2)
Les impies se retrouvent victimes de leurs propres armes sous le regard moqueur du Seigneur :
le Seigneur se moque du méchant car il voit son jour qui arrive.
L'impie a tiré son épée, il a tendu son arc pour abattre le pauvre et le faible, pour tuer l'homme droit.
Mais l'épée lui entrera dans le coeur, et son arc se brisera. (Ps 37, 13-15)
Ainsi l’homme victime des méchants est appelé à abandonner toute colère qui ne pourrait provoquer aussi que du mal et à faire confiance au Seigneur :
Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ;
mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton coeur.
Dirige ton chemin vers le Seigneur, fais-lui confiance, et lui, il agira.
Il fera lever comme le jour ta justice, et ton droit comme le plein midi.
Repose-toi sur le Seigneur et compte sur lui. Ne t'indigne pas devant celui qui réussit, devant l'homme qui use d'intrigues.
Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas : il n'en viendrait que du mal ;
les méchants seront déracinés, mais qui espère le Seigneur possédera la terre. (Ps 37, 3-8)
Face à la richesse de certains qui les « encerclent », les pauvres doivent prendre conscience de leur commune finitude à laquelle nul ne peut échapper :
Pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler,
ceux qui s'appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ?
Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon :
aussi cher qu'il puisse payer, toute vie doit finir.
Peut-on vivre indéfiniment sans jamais voir la fosse ? (Ps 49, 6-10)
On peut voir poindre dans ce psaume 49 cette Sagesse qui conduira à envisager la doctrine de l’immortalité bienheureuse réservée à l’âme du Juste :
Tel est le destin des insensés et l'avenir de qui aime les entendre :
troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. A l'aurore, ils feront place au juste ; dans la mort, s'effaceront leurs visages : pour eux, plus de palais !
Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort : c'est lui qui me prendra. (Ps 49, 14-16)
A rapprocher de Sg 3, 1-9 :
Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux.
Aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur,
et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix.
Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment, mais l’espérance de l’immortalité les comblait.
Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent, car Dieu les a mis à l’épreuve et trouvés dignes de lui.
Comme l’or au creuset, il les a éprouvés ; comme une offrande parfaite, il les accueille.
Au temps de sa visite, ils resplendiront : comme l’étincelle qui court sur la paille, ils avancent.
Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux pour les siècles.
Qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus. (Sg 3, 1-9)
Ci-dessus : « L’arrestation du Christ avec l’épisode de Malchus » (vers 1617), par Dirck von Baburen (vers 1594-1624), huile sur toile 121x93,5 cm, Fondation Roberto Longhi. Cf. Mt 26, 51-54. (Photo Wikimedia commons)
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29)
Les psaumes mais aussi tout l’Ancien Testament sont imprégnés de violence et on a souvent tendance à lui opposer le Nouveau Testament qui, lui, serait non violent. :
L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. (Mt 26, 51-52)
Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. (Lc 6, 27-29)
Et dans les Béatitudes :
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. (Mt 5, 5.9.11.12)
Nous retrouvons là cet appel des psaumes 37 et 49 (« Laisse ta colère » … voir ci-dessus) à une pacification en lien avec une juste rétribution après la mort.
Mais le Nouveau Testament, en particulier les Evangiles, montrent une violence qui peut rappeler celle rencontrée dans les psaumes. En effet, Jésus n’a pas renoncé complètement à l’expression d’une certaine violence, tant dans ses gestes (exemple unique, il est vrai, de l’épisode des marchands du temple), que dans ses paroles :
Jésus entra dans le Temple, et il expulsa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ; il renversa les comptoirs des changeurs et les sièges des marchands de colombes.
Il leur dit : « Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière. Or vous, vous en faites une caverne de bandits. » (Mt 21, 12-13)
Des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le Temple, et il les guérit. (Mt 21, 14)
Violence et miséricorde voisinent en effet souvent.
A propos des samaritains qui refusent de recevoir Jésus :
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. (Lc 9, 54-55)
En lien avec la rétribution ou le châtiment après la mort :
C’est justice, en effet, que Dieu rende la détresse à ceux qui vous l’infligent,
et qu’il vous accorde, à vous qui subissez la détresse, le soulagement avec nous lorsque, du haut du ciel, le Seigneur Jésus se révélera avec les anges, messagers de sa puissance, dans le feu flamboyant ; alors il fera justice contre ceux qui ignorent Dieu et à ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. (2 Th 1, 6-8)
Des paroles parfois très violentes :
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. (Mt 23, 27)
Suivies un peu plus loin de paroles exprimant la tendresse
Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! (Mt 23, 37)
Ci-dessus : « Jésus chassant les vendeurs du temple » (vers 1600), par Le Gréco (1541-1614), huile sur toile 106,3x129,7 cm, National Gallery. Cf. Jn 2, 14-16. (Photo Wikimedia commons)
Le feu symbole de la présence et du jugement de Dieu
C’est peut-être en étudiant l’emploi du mot feu que nous pourrons mieux percevoir l’ambiguïté de cette notion de violence. Le feu est un symbole universel des religions.
Le feu manifeste une intervention divine, non sans quelque violence, qui sera aussi celle de la Pentecôte :
Voix du Seigneur : elle taille des lames de feu. (Ps 29, 7)
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! (Lc 12, 49)
Vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan …
C’est pourquoi, nous qui recevons une royauté inébranlable, soyons reconnaissants et rendons ainsi notre culte à Dieu d’une manière qui lui est agréable, avec grand respect et crainte.
Car notre Dieu est un feu dévorant. (Hb 12, 18.28-29)
A rapprocher de
La montagne du Sinaï était toute fumante, car le Seigneur y était descendu dans le feu ; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment. (Ex 19, 18)
L’auteur de l’épitre aux Hébreux prend soin de distinguer une réalité palpable – embrasement de la montagne du Sinaï – et le culte dû à Dieu, feu dévorant- réalité impalpable.
Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux.
Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. (Ac 2, 2-4)
En ce jour de Pentecôte, les flammes manifestent – après un violent coup de vent – la venue de l’Esprit sur chacun des apôtres.
Si le feu manifeste la présence de Dieu, il représente aussi sa Justice et le feu de l’enfer pour ceux qui n’ont pas suivi ses voies :
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. (Mt 5, 22)
A rapprocher de :
Le Seigneur a scruté le juste et le méchant : l'ami de la violence, il le hait.
Il fera pleuvoir ses fléaux sur les méchants, feu et soufre et vent de tempête ; c'est la coupe qu'ils auront en partage. (Ps 11, 5-6)
Dans son discours apocalyptique annonçant le Jugement dernier, Jésus menace du feu éternel ceux qui n’auront pas suivi ses consignes :
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. (Mt 25, 41)
Ci-dessus : « Sodome et Gomorrhe en feu » (1680) par Jacob Jacobsz de Wet (vers 1641-1697). Cf. Gn 19, 28. (Photo Wikimedia commons)
Du silence au cri puis à l’apaisement
Les psychologues nous disent combien il est important d’exprimer nos sentiments profonds pour faire un travail de deuil ou de pacification en nous.
Le loup a demeuré avec l’agneau.
Le léopard/la panthère s’étendra avec le chevreau.
Le veau et le lionceau et la bête à engraisser [seront] ensemble.
Un petit garçon les conduira.
La vache et l’ourse pâtureront, ensemble
Leurs petits s’étendront.
Le lion, comme le bœuf, mangera de la paille.
Le nourrisson jouera sur le nid du cobra
sur le trou de la vipère, [l’enfant] sevré a mis la main. (Is 11, 6-8. Trad. Lytta Basset)
« La conviction de base, me semble-t-il, c’est que les animaux sont en nous. Tel est, une fois de plus, le réalisme biblique : il y a du loup et de la panthère en nous … même si, en vivant notre violence dans les rêves, nous résistons à l’idée qu’il s’agit bien de la nôtre.
Mais le fait est que s’il y a en nous l’agressivité du loup, il y a aussi la soif de douceur de l’agneau. Ce n’est ni bien ni mal, c’est ainsi et la cohabitation est possible … » (Lytta Basset, op. cit., p. 273)
Dans le petit enfant cohabitent violence et tendresse, dans la pure innocence, sans intention méchante. N’est-ce pas à cet esprit d’enfance que nous sommes conviés :
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. (Mt 18, 3)
Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu'aux cieux, ta splendeur est chantée
par la bouche des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l'adversaire, où l'ennemi se brise en sa révolte. (Ps 8, 2-3)
La justice a été la ceinture de ses hanches, la confiance, la ceinture de ses reins. (Is 11, 5) (Trad. Lytta Basset)
« Symbolisme du langage biblique, encore : les reins, siège des émotions, évoquent ce qui est incontrôlable. Le petit d’homme a reçu une ceinture invisible autour des reins, comme une ceinture de sécurité destinée à le protéger du ‘’ violent ‘’ et à le protéger aussi de sa propre violence – une ceinture capable de contenir les animaux en lui. La tâche urgente est donc de retrouver la confiance comme une protection qui est déjà là depuis le début, déjà donnée et non à conquérir au prix d’efforts surhumains – croire que rien n’a pu la détruire complètement car elle est et était de Dieu. » (Lytta Basset, op. cit., p. 275)
Comme un enfant, le psalmiste ressent la nécessité de laisser parler son cœur :
J'ai dit : « Je garderai mon chemin sans laisser ma langue s'égarer ; je garderai un bâillon sur ma bouche, tant que l'impie se tiendra devant moi. »
Je suis resté muet, silencieux ; je me taisais, mais sans profit. Mon tourment s'exaspérait,
mon cœur brûlait en moi. Quand j'y pensais, je m'enflammais, et j'ai laissé parler ma langue. (Ps 39, 2-4)
Il faut reconnaître la force cathartique de libérer verbalement son ressentiment, sa douleur, et peut-être même un désir de vengeance. C’est sans doute là notre ceinture de sécurité.
Et maintenant, qu’ai-je à espérer, mon Seigneur ?
Mon attente, elle est après toi.
De toutes mes rébellions délivre-moi,
sous l’insulte du fou ne me place pas.
Muet, je n’ouvrirai pas la bouche, car, toi, tu es à l’œuvre. (Ps 39, 8-10. Trad. Vesco)
Quand mes ennemis retournent en arrière,
ils trébucheront et périront devant ton visage,
car tu as mis en œuvre mon jugement et ma cause,
tu es demeuré sur ton trône en juste juge.(Ps 9, 4-5. Trad. Vesco)
Dieu est à l’œuvre, un Dieu qui s’incarne, jugeant avec justice, devant le visage duquel les ennemis trébucheront. Le psalmiste, délivré de ses rébellions, peut retrouver le silence, mais maintenant pacifié.
« Le Royaume pacifique » (1833-34), par Edward Hicks (1780-1849), huile sur toile 44,3x59,8 cm, Brooklyn Museum. Cf. Is 11, 6-8. (Photo Wikimedia commons)
Contre la violence, un chemin de vie
Heureux est l'homme qui n'entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !
Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. (Ps 1, 1-2.6)
Le psaume 1, composé très tardivement et dans un contexte sapientiel, développe une spiritualité dite « des deux Voies » : celle des justes qui conduit à la béatitude et celle des méchants qui se perd … dans les ténèbres, dira Saint Jean :
Jésus leur déclara : « Pour peu de temps encore, la lumière est parmi vous ; marchez, tant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous arrêtent pas ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. (Jn 12, 35)
Nous retrouvons cette même opposition entre les justes et les méchants dans l’évangile de Luc où les Béatitudes sont suivies immédiatement de ce qu’on a appelé les anti-béatitudes :
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. (Lc 6, 20-22)
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. (Lc 6, 24-26)
Pour dépasser cette opposition, Jésus propose ensuite un chemin de vie :
Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. (Lc 6, 27-29)
Ci-dessus : Lazare et le mauvais riche, enluminure du Codex Aureus d'Echternach (vers 1035-1040). Panneau supérieur : Lazare devant la porte de la maison du mauvais riche. Panneau médian : Lazare est emporté au Paradis par deux anges ; Lazare dans le sein d'Abraham. Panneau inférieur : Le mauvais riche est conduit en enfer par deux anges ; il y est torturé. Cf. Luc 16, 19–31, (Photo Wikimedia commons)
Réhabiliter la violence plutôt que la nier
Nous ne sous-estimons pas le caractère pouvant être ressenti comme provocateur de ce titre. La violence peut prendre de multiples formes, comme les psaumes le montrent bien. Plutôt que la nier, ne faudrait-il pas plutôt s’efforcer de la dépasser comme Jésus y invite tout en se montrant parfois agressif comme nous l’avons vu précédemment.
Cette ambiguïté rejoint celle de la signification du mot feu que nous avons aussi soulignée
Le feu, violent de par sa nature de combustion qui brûle et se propage, est tantôt annonciateur de la présence divine, tantôt promesse d’un jugement sans pitié.
La violence fait partie de la vie que le Créateur a initiée : phénomènes naturels, maladies … Donner la vie inclut aussi de la violence :
Le Seigneur Dieu dit ensuite à la femme : « Je multiplierai la peine de tes grossesses ; c’est dans la peine que tu enfanteras des fils. Ton désir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi. » (Gn 3, 16)
Cette violence ressentie par la femme à la naissance de son enfant, sera en quelque sorte prolongée par la domination de son mari qui peut dériver en violence tant psychologique que, malheureusement, parfois physique. Ainsi, dans cette culture patriarcale, le désir d’amour et la violence se trouvent liés.
La violence semble inéluctable ; même sauvé par Dieu, l’humain n’aura de cesse de se venger :
Unis contre moi, mes ennemis murmurent, à mon sujet, ils présagent le pire :
« C'est un mal pernicieux qui le ronge ; le voilà couché, il ne pourra plus se lever. »
Même l'ami, qui avait ma confiance et partageait mon pain, m'a frappé du talon.
Mais toi, Seigneur, prends pitié de moi ; relève-moi, je leur rendrai ce qu'ils méritent.
Oui, je saurai que tu m'aimes si mes ennemis ne chantent pas victoire. (Ps 41, 8-12)
« Mais une fois aux prises avec le mal qui le frappe apparemment sans raison, l’humain en tentant de s’en dégager, se prend au filet de la violence et la reproduit contre autrui, tandis qu’il invoque Dieu comme garant de son bon droit ou le maudit pour la souffrance qu’il subit. » (Wénin, op. cit., p. 25)
Dieu ne se résout évidemment pas à cette violence en quelque sorte congénitale à sa création.
« Ce qui serait étonnant, donc, c’est que la Bible tienne Dieu à l’écart de la violence et occulte pudiquement – sans donner à la travailler – l’image d’une divinité violente si commune dans l’imaginaire humain ». (Wénin, op. cit., p. 23)
Dieu, s’il prend part au combat contre les ennemis car il a promis le bonheur au juste, ne se résout pas à les condamner :
Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur Dieu –, et non pas plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? (Ez 18, 23)
Nous avons vu combien la violence éprouvée de la part des ennemis, si elle s’est enrichie d’une expérience vécue dans la vie et les affrontements personnels ou les guerres, devient l’image d’un combat intérieur mené par le psalmiste qui sera nommé plus tard combat spirituel. L’ennemi est alors Satan ou le diable ; les tentations de Jésus au désert en sont l’illustration (Mt 4, 1-11).
Il n’en reste pas moins que la violence, réelle et concrète, habite encore largement nos vies même si certains veulent la nier ou l’occulter.
Des courants actuels qu’on regroupe assez facilement sous l’étiquette du « wokisme » stigmatisent le mâle blanc occidental comme patriarcal, colonialiste, raciste … Les adeptes de ces théories récusent, comme violence subie par eux, toute expression de sa part, et de ses suppôts. D’où le refus du dialogue et même du droit d’expression chez leurs ennemis qui, d’ailleurs, représente aussi une forme de violence.
Au nom du pacifisme, on a même voulu éliminer le concept de « guerre juste ».
Dans son encyclique Fratelli Tutti publiée le 4 octobre 2020, le pape François, écrit :
« Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible « guerre juste ». Jamais plus la guerre ! » (Pape François, Fratelli Tutti, https://eglise.catholique.fr/vatican/encycliques/lencyclique-fratelli-tutti , Septième chapitre : Des parcours pour se retrouver, § 258)
A propos de la guerre livrée actuellement en Ukraine, le pape François est revenu sur ses déclarations initiales renvoyant dos à dos Russes et Ukrainiens :
A la violence armée des belligérants le pape répondait en quelque sorte par une autre forme de violence envers les Ukrainiens qui consiste à ne pas reconnaître leur bon droit à répondre par les armes à l’invasion russe.
Le silence d’autrui, sa non-intervention, face à une violence que je déclare subir peuvent être ressentis comme une véritable agression qui s’ajoute celle que je ressens ; le silence se fait alors complice de l’ennemi :
Vers toi, YHWH, j’appelle. Mon roc ne sois pas sourd, loin de moi.
Que tu sois silencieux, loin de moi,
et je ressemblerai à ceux qui descendent au trou.
Ecoute la voix de mes appels à la pitié, quand je crie vers toi, quand j’élève mes mains vers ton saint sanctuaire.
Ne m’attire pas avec les impies et avec les faiseurs d’iniquité, qui parlent de paix avec leurs proches,
et le mal est dans leur cœur .
Donne-leur selon ce qu’ils ont fait et selon le mal de leurs hauts faits ! Selon l’œuvre de leurs mains, donne-leur !
Retourne-leur leur rétribution !
(Ps 28, 1-4. Trad. Vesco)
« Le silence de Dieu, c’est-à-dire sa non intervention (Is 62, 1), mène droit à la mort [le trou]. Mais la proximité divine doit faire connaître au juste un sort différent de celui des impies … La LXX l’accentue en traduisant : ‘’ N’associe pas mon âme avec celle des pécheurs et, avec les faiseurs d’iniquité ne me perds pas ! ‘’ (Vesco, op. cit., t. I p. 280).
Claudel traduit-transcrit ainsi le verset 3 dans son langage vigoureux :
« J’en ai assez ! Ne me confonds pas avec le troupeau insipide.
Tous ces gens qui se lèchent l’un à l’autre la figure, et vous croyez qu’ils s’aiment ? » (Claudel, op. cit., p. 91)
Ci-dessus : Chapiteau (portail nord du narthex), XII° s., « la lutte de Jacob avec l'Ange », Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay. Une tradition voulut que le mystérieux personnage avec lequel Jacob combattit toute la nuit était un ange, ainsi que le présentait le Livre d’Osée (Os 12, 5)
Cette violence est au sein même de la relation avec Dieu. Jacob lutta pendant toute une nuit avec un mystérieux personnage qui se révéla ensuite à lui comme étant Yhwh lui-même. Jacob remporta ce combat mais en garda toutefois une cicatrice au creux de la hanche suite à un coup porté par son rival. Avant le départ de celui-ci Jacob lui demande sa bénédiction et son nom qu’il refuse de donner. Yhwh lui fait alors la faveur de lui donner un nouveau nom « Israël » qui signifie « en lutte avec Dieu ». (Gn 32, 23-33)
Il reprit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté. »
Jacob demanda : « Fais-moi connaître ton nom, je t’en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et là il le bénit. Jacob appela ce lieu Penouël (c’est-à-dire : Face de Dieu), « car, disait-il, j’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve. »
Au lever du soleil, il passa Penouël. Il resta boiteux de la hanche. (Gn 32, 29-32)
Ce passage est pour le moins énigmatique. La structure poétique fréquente des textes bibliques mélange facilement rêve, vision et réalité Ce combat entre Dieu et Jacob surprend même si les psaumes laissent quelquefois entrevoir des rapports tendus entre le psalmiste et Dieu. C’est au moment où l’homme-Dieu touche Jacob au creux de sa hanche, ce qui pourrait l’affaiblir, qu’il décide d’abandonner le combat au lever du jour. Jacob lui demande alors de le bénir. On peut se rappeler cette bénédiction arrachée par ruse à son père Isaac et qui provoqua à son égard la haine de son frère Esaü, alors dépossédé de son droit d’aînesse.
Les traces dans son psychisme d’une bénédiction arrachée malhonnêtement se rappellent à lui au cours du combat. Cette fois-ci il admet la violence qui l’anime et lui donne la victoire. Il devient un autre homme, avec un nouveau nom, « Israël », rappel de cette lutte avec Dieu qui lui donne sa bénédiction après ce combat loyal.
Si Dieu refuse de lui donner son nom, Jacob est cependant persuadé d’avoir vu Dieu face à face. Dans ce combat corps à corps, le visage de Dieu ne pouvait lui échapper. On sait pourtant (Ex 33, 20) que nul humain ne peut voir Dieu et rester en vie. Seule, sans doute, cette intimité entre Dieu et lui pouvait le permettre.
C’est donc handicapé de la hanche, qu’il peut aller se réconcilier avec Esaü, se prosternant devant lui et le reconnaissant comme son Seigneur.
C’est en se révélant à lui-même son handicap qu’il est sorti vainqueur de son combat avec Dieu et que, vainquant sa médiocrité passée, il affronte en « homme juste » son frère.
Une cicatrice dans la chair, Paul a supplié Dieu de l’écarter de lui. Mais c’est dans la faiblesse que la puissance de la grâce de Dieu donne toute sa mesure :
Et ces révélations dont il s’agit sont tellement extraordinaires que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime.
Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi.
Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. (2 Co 12, 7-9)
La rencontre de la violence où Dieu lui-même prend sa place sert de révélateur à notre faiblesse. Nous sommes finalement notre premier ennemi en voulant l’ignorer ou la cacher.
Ici Jacob a vu Dieu face à face au sein même de son handicap et il a été sauvé. Son handicap ne disparaît pas pour autant, il le surmonte pour devenir un homme nouveau qui affrontera son frère aussi en face à face, en tout humilité :
J’ai vu ta face comme on voit la face de Dieu, et tu m’as agréé (Gn 33, 10)
On ne peut s’empêcher de rapprocher l’accueil d’Esaü à son frère de celui du père à son enfant « prodigue » dans la parabole de Jésus :
Esaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son coup et l’embrassa (Gn 33, 4)
Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. (Lc 15, 20)
On peut remarquer aussi l’insistance sur la présence des onze enfants de Jacob dans cette procession qui se dirige vers Esaü. De même au moment de repartir, Jacob demande à son frère de prendre la tête du convoi car il doit prendre soin des enfants et des bêtes qui allaitent. Il marchera donc « au pas des enfants » :
Que mon seigneur passe donc devant son serviteur, et moi je cheminerai doucement au pas du convoi et au pas des enfants, jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur, en Seïr. (Gn 33, 14. Trad. Osty)
Partie des ténèbres et du chaos, la Création continue et se renouvelle en marche vers le Royaume où Jésus nous appellera à entrer en changeant pour devenir comme un enfant :
Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux,
et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. (Mt 18, 2-4)
Cette renaissance est manifestée par le changement de nom de Jacob, « le talonneur », celui qui a agrippé le talon de son frère à leur naissance et qui le talonna et chercha ensuite à le supplanter ; il s’appellera désormais Israël, « le lutteur de Dieu ».
Renaître, redevenir enfant, c’est le chemin pour conjurer la violence de ce chaos originel qui reste marquée en nous comme une cicatrice :
Le bébé jouera sur le trou du serpent
vers le nid des vipères l’enfant tendra la main –
plus de méfaits, plus de ravages dans toute ma montagne sainte –
la connaissance de Yhwh comblera la terre
comme l’eau de la mer submerge. (Is 11, 8-9. Trad. Bible Bayard)
Reconnaître notre propre violence en même temps que celle d’autrui, c’est accepter la plaie de la souffrance qui en résulte, ce « serviteur souffrant » en chacun de nous.
La douleur de la vie lui ouvre les yeux
l’expérience le comble
il rend la justice aux foules, mon serviteur
il les justifie
c’est lui qui endosse leurs crimes (Is 53, 11, Trad. Bible Bayard)
Ce serviteur dans lequel les premiers chrétiens ont reconnu le Christ, reconnaissant et endossant cette souffrance née de la violence qui nous habite tous, deviendra le Juste, qui peut rendre justice à autrui. L’invitation du Christ à pardonner à nos ennemis s’inscrit dans cette conversion du regard :
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent (Mt 5, 43-44)
« En voyant Jacob, sur l’autre versant du Jabboq, boîter aux côtés d’Esaü, il me semble entendre la parole de Jésus : ‘’ Il est bon pour toi d’entrer dans la vie estropié ou boiteux plutôt que d’être jeté dans le feu éternel en possession de deux mains ou de deux pieds ‘’ (Mt 18, 8). C’est que la quête du ‘’ relationnel de Dieu et sa justice ‘’, la quête de l’Amour parfait ne peut se faire autrement qu’en boitant, en portant les marques de la violence et de la contre-violence, mais en marchant vers le parachèvement, l’accomplissement de l’Amour parfait au plus intime du corps et de l’esprit ». (Lytta Basset, p. 315)
« Réconciliation de Jacob avec Esaü » (entre 1625 et 1628), par Rubens (1577-1640), huile sur toile 330x283 cm, Collections de peintures de l’Etat de Bavière (photo Wikimedia commons).
Bibliographie
Livres utilisés pour la rédaction de cet article
- Abadie Philippe, Ce que dit la Bible sur la violence, Ed. Nouvelle Cité, 2015.
- Basset Lytta, Sainte colère – Jacob, Job, Jésus, Ed. Labor et Fides – Bayard, 2002.
- Beauchamp Paul, Psaumes nuit et jour, Ed . Seuil, Coll. Sagesses, 1980.
- Cerbelaud Dominique, Jardin perdu – Une lecture de Genèse 2-4, Ed. Passiflores, 2015.
- Claudel Paul, Psaumes – Traductions 1918-1953, Ed. Gallimard, 1966 – 2008.
- Collectif, Psaumes de la Bible psaumes d’aujourd’hui, Ed. Cerf, Coll. Lire la Bible, 2011.
- Collin Matthieu, Le livre des psaumes, Cahiers Evangile, n° 92, Ed. Cerf, 1995.
- Jacquet Louis, Les psaumes et le cœur de l’homme, Etude textuelle, littéraire et doctrinale, 3 tomes, Ed. Duculot, 1975.
- Odelain O. et Séguineau R., Concordance de la Bible, les Psaumes, Ed. Desclée de Brouwer, 1980.
- Le Psautier de Ligugé, Psaumes et cantiques, Ed. Saint-Léger, 2012.
- Römer Thomas, Psaumes interdits – Du silence à la violence de Dieu, Ed. Cerf, Coll. Bible Lexio, 2007-2022.
- Vesco Jean-Luc, Le psautier de David traduit et commenté, 2 tomes, Ed. Cerf, Coll. Lectio divina, 2006.
- Vesco Jean-Luc, Le psautier de Jésus, les citations des psaumes dans le Nouveau Testament, 2 tomes, Ed. Cerf, Coll. Lectio divina, 2012.
- Wénin André, La Bible ou la violence surmontée, Ed. Desclée de Brouwer, 2008.
Sauf mention contraire, les traductions sont celles de la Bible liturgique.
Compléments :
« Les psaumes violents », émission sur KTO, réunissant André Wénin, bibliste et théologien, et Anton van der Lingen, théologien et pasteur de l’Eglise Réformée : https://www.youtube.com/watch?v=aI8OpGNtkFw
L’accent est mis sur l’analyse de deux psaumes où la violence se manifeste très durement : Ps 58 et 137.
Sur la nuit de combat de Jacob :
Texte de la méditation du pape François donnée lors de l’audience générale du 10 juin 2020 : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200610_udienza-generale.html