Psaume 11 (hb 12)
02 Seigneur, au secours ! Il n'y a plus de cœur droit ! La loyauté a disparu chez les hommes.
03 Mensonge entre eux, cœurs doubles et phrases truquées.
04 Seigneur, tranche ces lèvres flatteuses, cette langue qui fait des grands discours,
05 Ceux qui disent « oui, notre langue est notre force, nos phrases sont à nous, nous sommes sans maître. »
06 - « Pour le faible opprimé, le pauvre qui gémit, maintenant je me lève ! » dit le Seigneur.
« A celui qu'on méprise, je porte secours. »
07 Les paroles du Seigneur sont des paroles vraies, argent passé au feu et sept fois purifié.
08 Toi, Seigneur, tu tiens parole, tu nous garderas pour toujours de cette engeance.
09 De tous côtés, s'agitent les impies : la corruption gagne chez les hommes.
(Traduction établie d’après plusieurs traductions consultées : La Bible liturgique, La Bible des écrivains-Bayard, Le Psautier de Ligugé, Louis Jacquet)
Discours du dictateur (Film de 1940 avec Charlie Chaplin). La dictature s’impose avant tout par le mensonge.
Tous pourris !
Ce pourrait être la transposition contemporaine de « la loyauté a disparu chez les hommes » (v. 2). Les psaumes ont le mérite, à travers des images et des situations le plus souvent décalées par rapport à celles de notre époque, d’évoquer les passions, les sentiments, les attentes des hommes depuis près de trois mille ans.
Des écrivains, dans de belles paraphrases, ont actualisé des psaumes dans un contexte qui leur était contemporain (voir en fin d’article des paraphrases du psaume 11 par Paul Claudel et Ernesto Cardenal)
Jésus a chanté ou récité les psaumes avec ses disciples comme nous le faisons encore aujourd’hui, avec d’ailleurs une ardeur nouvelle depuis le Concile Vatican II. Tous pourris ! Combien Jésus devait éprouver aussi ce sentiment à l’égard des hommes politiques et religieux de son temps !
Comment dépasser cette amertume, si ce n’est en invoquant les paroles du Seigneur, « paroles vraies, argent passé au feu et sept fois purifié » (v. 7) ?
Compréhension
02 Seigneur, au secours ! Il n'y a plus de cœur droit ! La loyauté a disparu chez les hommes.
03 Mensonge entre eux, cœurs doubles et phrases truquées.
Les prophètes ont dénoncé maintes fois le dévoiement des israélites gagnés par l’esprit païen désespérant ceux qui étaient restés fidèles :
Écoutez la parole du Seigneur, fils d’Israël, car le Seigneur est en procès avec les habitants du pays : il n’y a, dans le pays, ni vérité ni fidélité, ni connaissance de Dieu,
mais parjure et mensonge, assassinat et vol ; on commet l’adultère, on se déchire : le sang appelle le sang. (Os 4, 1-2)
Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc et renseignez-vous ! Cherchez sur ses places : si vous trouvez un homme, un seul, qui pratique le droit et recherche la vérité, alors je pardonnerai à la ville.
Lorsqu’ils déclarent : « Le Seigneur est vivant ! » c’est pour faire un faux serment. (Jr 5, 1-2)
Les prophètes prophétisent le mensonge, les prêtres se remplissent les mains – et mon peuple aime cela ! Mais que ferez-vous quand viendra la fin ? (J 5, 31)
Le cœur, est le siège de toutes les forces de vie ; partie la plus profonde de la personnalité, il est lié à l’esprit et à l’intelligence pour faire œuvre de discernement.
La nuit, je me souviens de mon chant, je médite en mon coeur, et mon esprit s'interroge. (Ps 76, 7)
C’est le cœur qui dicte à l’homme sa conduite morale :
À cause de ses profits coupables, je me suis irrité contre mon peuple ; je l’ai frappé en me détournant, j’étais irrité : il suivait, en renégat, le chemin de son cœur. (Is 57, 17)
Réjouis-toi, jeune homme, dans ton adolescence, et sois heureux aux jours de ta jeunesse. Suis les sentiers de ton cœur et les désirs de tes yeux ! Mais sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement. (Qo 11, 9)
Au contraire des cœurs droits les cœurs doubles se manifestent par des mensonges et des phrases truquées, des manipulations.
Discours de Vladimir Lénine à Moscou le 5 mai 1920 pour motiver les troupes à combattre la Pologne. (Photo Wikimedia commons)
04 Seigneur, tranche ces lèvres flatteuses, cette langue qui fait des grands discours,
05 Ceux qui disent « oui, notre langue est notre force, nos phrases sont à nous, nous sommes sans maître. »
A la lamentation des versets 2 et 3 succède une imploration de la justice divine. Les lèvres et la langue révèlent ce que l’individu cache dans son cœur. Les grands discours se font flatteurs pour tromper les autres et ne supportent pas la contradiction. Les publicitaires, les responsables politiques utilisent maintenant le nudge (coup de pouce en anglais) visant à orienter les pensées et les comportements des individus. Le mot manipulation est évidemment banni car trop péjoratif et le nudge est censé relever de pratiques psychologiques à visée positive. Comme on le voit, les lèvres flatteuses acquièrent ainsi avec bonne conscience une force qui les rend maîtresses des individus concernés.
C’est la Parole divine qui telle un glaive tranchera ces lèvres et cette langue trompeuses en jugeant les intentions profondes du cœur :
Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur (He 4, 12)
06 - « Pour le faible opprimé, le pauvre qui gémit, maintenant je me lève ! » dit le Seigneur.
« A celui qu'on méprise, je porte secours. »
07 Les paroles du Seigneur sont des paroles vraies, argent passé au feu et sept fois purifié.
Les grands discours manipulateurs agissent particulièrement sur ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre, un bagage linguistique et des arguments qui leur donnent la force de répliquer. Le v. 6 se présente comme un oracle divin qui répond à l’imploration du psalmiste (v. 2). « Se lever » est un hébraïsme fréquent pour indiquer qu’on se met à agir (Jacquet, T.1, p. 363) :
« Maintenant, je surgis – dit le Seigneur ; maintenant, je me dresse ; maintenant, je m’élève ! » (Is 33, 10)
Cette action de se lever rappelle celle de la lumière qui jaillit des ténèbres, manifestation de la gloire de Dieu :
Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. (Is 60, 1-2)
Contrairement aux phrases truquées, les paroles du Seigneur sont des paroles de vérité. argent passé au feu et sept fois purifié marque le degré de pureté de cette vérité. Le feu purifie l’argent tiré du minerai. Sept fois indique la perfection de cette purification. Comme Dieu juge et tranche par le glaive de sa parole (v .4), il le fait aussi par le feu de sa vérité :
Car voici que le Seigneur arrive dans le feu, avec ses chars pareils à un ouragan, pour assouvir l’ardeur de sa colère, exécuter ses menaces par les flammes du feu.
Car le Seigneur vient juger par le feu, juger par son épée tout être de chair : nombreuses sont les victimes du Seigneur. (Is 66, 15-16)
08 Toi, Seigneur, tu tiens parole, tu nous garderas pour toujours de cette engeance.
09 De tous côtés, s'agitent les impies : la corruption gagne chez les hommes.
Le psaume se termine par une manifestation de confiance en la protection divine. Dieu est fidèle à sa parole :
L'amour du Seigneur, sans fin je le chante ; ta fidélité, je l'annonce d'âge en âge.
Je le dis : C'est un amour bâti pour toujours ; ta fidélité est plus stable que les cieux. (Ps 88, 2-3)
Une lecture chrétienne peut dire que Dieu, fidèle à sa parole, enverra son Fils pour sauver l’humanité.
Toutefois, comme en un Da capo musical, le psaume reprend la lamentation initiale et se termine sur une note plutôt pessimiste. Les exégètes signalent le texte corrompu du v. 9, ce qui est peut-être le signe d’un ajout ou d’un embarras :
v. 2 : La loyauté a disparu chez les hommes.
v. 9 : la corruption gagne chez les hommes.
« Le corbeau et le renard », illustration de la fable de Jean de La Fontaine (1621-1695), gravure d’Eugène Lambert (1825-1900), BNF, (photo Wikimedia commons)
Méditation en forme d’écho
02 Seigneur, au secours ! Il n'y a plus de cœur droit ! La loyauté a disparu chez les hommes.
03 Mensonge entre eux, cœurs doubles et phrases truquées.
Un traître a porté la main sur ses amis, profané son alliance :
il montre un visage séduisant, mais son cœur fait la guerre ; sa parole est plus suave qu'un parfum, mais elle est un poignard. (Ps 54, 21-22)
Vous, vous êtes du diable, c’est lui votre père, et vous cherchez à réaliser les convoitises de votre père. Depuis le commencement, il a été un meurtrier. Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas en lui de vérité. Quand il dit le mensonge, il le tire de lui-même, parce qu’il est menteur et père du mensonge. (Jn 8, 44)
La venue de l’Impie, elle, se fera par la force de Satan avec une grande puissance, des signes et des prodiges trompeurs, avec toute la séduction du mal, pour ceux qui se perdent du fait qu’ils n’ont pas accueilli l’amour de la vérité, ce qui les aurait sauvés. (2 Th 2, 9-10)
Voilà ce que tu dois rappeler, en déclarant solennellement devant Dieu qu’il faut bannir les querelles de mots : elles ne servent à rien, sinon à perturber ceux qui les écoutent.
Toi-même, efforce-toi de te présenter devant Dieu comme quelqu’un qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir de ce qu’il a fait et qui trace tout droit le chemin de la parole de vérité.
Quant aux bavardages impies, évite-les ; leurs auteurs progressent sans cesse en impiété
et leur parole se propage comme la gangrène …
(2 Tm 2, 14-17)
04 Seigneur, tranche ces lèvres flatteuses, cette langue qui fait des grands discours,
05 Ceux qui disent « oui, notre langue est notre force, nos phrases sont à nous, nous sommes sans maître. »
Un traître a porté la main sur ses amis, profané son alliance : il montre un visage séduisant, mais son cœur fait la guerre ; sa parole est plus suave qu'un parfum, mais elle est un poignard. (Ps 54, 21-22)
Dans ma détresse, j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a répondu.
Seigneur, délivre-moi de la langue perfide, de la bouche qui ment. (Ps 119, 1-2)
Puis j’ai vu le ciel ouvert, et voici un cheval blanc : celui qui le monte s’appelle Fidèle et Vrai, il juge et fait la guerre avec justice.
Ses yeux sont comme une flamme ardente, il a sur la tête plusieurs diadèmes, il porte un nom écrit que nul ne connaît, sauf lui-même.
Le vêtement qui l’enveloppe est trempé de sang, et on lui donne ce nom : « le Verbe de Dieu ».
Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, elles étaient vêtues de lin fin, d’un blanc pur.
De sa bouche sort un glaive acéré, pour en frapper les nations ; lui-même les conduira avec un sceptre de fer, lui-même foulera la cuve du vin de la fureur, la colère de Dieu, Souverain de l’univers ;
sur son vêtement et sur sa cuisse, il porte un nom écrit : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ».
Puis j’ai vu un ange debout dans le soleil ; il cria d’une voix forte à tous les oiseaux qui volent en plein ciel : « Venez, rassemblez-vous pour le grand repas de Dieu,
pour manger la chair des rois, celle des chefs d’armée, celle des puissants, celle des chevaux et de ceux qui les montent, celle de tous les hommes, libres ou esclaves, des petits et des grands. »
Et j’ai vu la Bête, les rois de la terre, et leurs armées, rassemblés pour faire la guerre au cavalier et à son armée.
La Bête fut capturée, et avec elle le faux prophète, lui qui, en produisant des signes devant elle, avait égaré ceux qui portent la marque de la Bête et se prosternent devant son image. Ils furent jetés vivants, tous les deux, dans l’étang de feu embrasé de soufre.
Les autres furent tués par le glaive du cavalier, le glaive qui sort de sa bouche, et tous les oiseaux se rassasièrent de leurs chairs. (Ap 11, 19-21)
Au Nicaragua les pauvres tentent de survivre au-delà de toutes les promesses faites par les hommes politiques.
06 - « Pour le faible opprimé, le pauvre qui gémit, maintenant je me lève ! » dit le Seigneur.
« A celui qu'on méprise, je porte secours. »
07 Les paroles du Seigneur sont des paroles vraies, argent passé au feu et sept fois purifié.
Il y a six choses que le Seigneur déteste, sept qu’il a en horreur :
le regard hautain, la langue menteuse, les mains qui versent le sang innocent,
le cœur occupé de projets coupables, les pieds qui s’empressent de courir au mal,
le faux témoin qui ment comme il respire, et l’homme qui déclenche des querelles entre frères. (Pr 6, 16-19)
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! (Lc 12, 49)
L’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun. (1 Co 3, 13)
Elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ. (1 P 1, 7)
Éprouve-moi, Seigneur, scrute-moi, passe au feu mes reins et mon coeur. (Ps 25, 2)
C'est toi, Dieu, qui nous as éprouvés, affinés comme on affine un métal. (Ps 65, 10
Face à certains triomphalismes médiatiques qui prétendent accompagner la gestation d’un homme et d’un monde nouveaux, François Cassingéna-Trévedy prône un temps pour se taire contemporain du temps pour parler (Qo 3, 7) .
« Un attendre-voir, un écouter-voir qui se hausserait, en somme, au statut d’attitude religieuse et d’exercice spirituel. Aussi faudrait-il enjoindre à tous les fonctionnaires de la parole publique - et très spécialement aux clercs – de se taire pendant un demi-siècle avant d’ouvrir à nouveau la bouche, et de cesser d’être les faux-monnayeurs de vérités que n’a pas épouvées la fournaise. La cloche qui résonne appelle au silence : l’économie de la parole est aussi – et sera certainement de plus en plus – une manière de se rendre avec piété à l’église. »
(François Cassingéna-Trévedy, De l’air du temps au cœur du monde, Ed. Tallandier, Coll. Esssais, 2019, p. 244)
08 Toi, Seigneur, tu tiens parole, tu nous garderas pour toujours de cette engeance.
09 De tous côtés, s'agitent les impies : la corruption gagne chez les hommes.
Le Seigneur peut donc délivrer de l’épreuve ceux qui pratiquent la piété, mais les injustes, il les garde pour le jour du jugement afin de les punir,
ceux-là surtout qui, par convoitise impure, suivent les inclinations de la chair et dédaignent la seigneurie de Dieu. Présomptueux, arrogants, ils outragent sans trembler les anges appelés « Gloires » (2 P 2, 9)
Une voix dit : « Proclame ! » Et je dis : « Que vais-je proclamer ? » Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs :
l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe sur elle le souffle du Seigneur. Oui, le peuple est comme l’herbe :
l’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure pour toujours. (Is 40, 6-8)
Bibliographie
- Louis Jacquet, « Les psaumes et le cœur de l’homme », t. I, Ed. Deculot, 1979, pp. 358-365.
- Jean-Luc Vesco, « Le psautier de David », t. I, Ed. Cerf, Coll. Lectio Divina, 2006, pp. 161-165.
Méditations musicales
Le verset 8 est utilisé dans la liturgie grégorienne :
- Communion du 2ème vendredi de Carême :
Tu Domine servabis nos, et custodies nos a generatione hac in aeternum. (texte latin du psautier romain)
Toi Seigneur tu nous sauveras et tu nous garderas pour toujours de cette génération.
https://www.youtube.com/watch?v=EJrX-VyRWEE
- Antienne des complies du mardi avec chant du psaume 11 :
Tu Domine servabis nos, et custodies nos in aeternum.
https://www.youtube.com/watch?v=l3WFwQi7ECI
Autres traductions ou paraphrases
Des trois paraphrases de Claudel sur le psaume 11 j’ai choisi celle datée du 29 janvier 1949. (« Psaumes – Traductions 1918-1953 », Ed. Gallimard, 1966, éd. 2008 p. 51).
1-2 Le saint manque, les vérités, quelle figure appauvrie et diminuée elles ont pris sur les lèvres des hommes !
3 Les saints manquent, mais non point le bavardage et toutes ces lèvres au service d’un cœur à double fond.
4 Dégoût de toutes ces menteries qu’elles fabriquent, fanfares et fanfaronnades,
5 C’est notre langue, disent-ils, elle est à nous, pourquoi ne pas nous en servir comme d’une truelle ?
6 Moi, dit Dieu, c’est le pleur des pauvres et le craquement des écrasés que J’écoute.
On peut compter sur moi. Je paye le papier à sa valeur fiduciaire.
7-8 La manière de Dieu, c’est la manière chaste : de l’argent et du feu, quelque chose quand il parle de pur et de sept fois flambé.
Tes élus, comme tu les sales du sel de l’éternité !
9 Les impies marchent en rond. Regardez-les au fond de leur trou qui se heurtent l’un contre l’autre.
Ernesto Cardenal Martínez, né le 20 janvier 1925 à Granada au Nicaragua et mort le 1er mars 2020 à Managua, est un prêtre catholique, théologien, poète et homme politique nicaraguayen …
(Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernesto_Cardenal). Il publia Cri, psaumes politiques (traduction par Gérard Bessière et Marta Sacchi, Paris, Éditions du Cerf, 1970, nouvelle édition : L'Harmattan, Paris, 2008). Il livre une transposition moderne de psaumes dans le contexte social de son époque.
Libère-nous, Toi
car leurs partis ne nous libéreront pas.
Ils se trompent les uns les autres,
ils s’exploitent les uns les autres.
Leurs mensonges sont répétés par mille radios,
leurs calomnies sont dans tous les journaux :
ils ont des bureaux spéciaux
pour fabriquer des Mensonges.
Eux qui disent :
« nous dominerons par la propagande,
la Propagande est avec nous ! »
A cause de l’oppression des pauvres,
à cause du gémissement des exploités,
Maintenant même Je Me lèverai,
dit le Seigneur.
Je leur donnerai la liberté car ils soupirent.
Les Paroles du Seigneur sont des paroles pures,
et non pas Propagande.
De tous côtés leurs armements
Leurs mitrailleuses et leurs tanks nous entourent.
Ils nous insultent, les assassins pleins de décorations
ceux qui lèvent leurs verres dans leurs clubs,
pendant que nous, nous pleurons dans les bidonvilles ;
ceux qui passent leur vie en coktail-parties.
(Cri, Psaumes politiques, pp. 19-20, citation dans le tome 1 de Louis Jacquet, p. 365)