Psaume 48 (Hb 49)
1 Au chef de chant
Psalmodie
des fils de Coré
2 Oh tous les peuples
écoutez ça
Oui écoutez bien habitants du monde
3 Riches ou pauvres tous ensemble
fils d’Adam et fils de l’homme
4 Ma bouche dit la sagesse
et la méditation
Et mon cœur l’intelligence
5 Je reprends un proverbe
et j’attaque sur le kinnor par cette énigme
6 Pourquoi trembler un jour de malheur poursuivi par le mal ?
7 Ils se vantent ceux qui croient en leur fortune
à la masse de leurs richesses
8 Racheter
hélas l’homme ne rachète pas
Il ne peut payer son prix à Dieu
9 Il coûte trop cher le rachat de son âme
et il abandonne pour toujours
10 Il continue à vivre pour l’éternité sans imaginer la tombe
11 Il le voit bien pourtant que les sages sont mortels
comme les idiots et les fous
Ils meurent
et laissent leur fortune à d’autres
12 Voilà ce qu’ils pensent
leur maison dure toujours
Ils y habiteront
de génération en génération
Ils clament leurs noms sur leurs terres
13 L’homme dans sa splendeur ne dure pas
il ressemble à l’animal
Il meurt
14 Voilà leur trajet
pure folie
Et ceux qui viennent après boivent leurs paroles
15 Parqués comme du bétail au shéol
c’est la mort qui les conduit
Le matin les justes leur marcheront dessus
Leur beauté détruite au schéol
là où on n’habite jamais
16 Dieu me rachète entièrement de la main du shéol
il va me prendre
17 N’aie pas peur de l’homme qui s’enrichit
ni de l’importance de sa maison
18 Il n’emportera rien dans sa mort
l’importance ne le suit pas
19 Il se bénit toute sa vie
on le célèbre de tout le bien qu’il s’est fait
20 Il ira retrouver ses pères qui ne verront plus la lumière
ne comprend rien
Comme l’animal
il meurt
Cette traduction est celle de la Bible des Ecrivains (Ed. bayard) (Voir bibliographie)
Enregistrement :
https://www.youtube.com/watch?v=UwuiRjSzfV0&list=OLAK5uy_kH5wD1hCAW13uI5OcLY61gTWlqeqHRAUo&index=49
Photo d’entête : Lazare et le mauvais riche, enluminure du Codex Aureus d'Echternach (Evangéliaire du XI° siècle). Panneau supérieur : Lazare devant la porte de la maison du mauvais riche. Panneau médian : Lazare est emporté au Paradis par deux anges ; Lazare dans le sein d'Abraham. Panneau inférieur : Le mauvais riche est conduit par deux anges en enfer où il subit les tortures du diable. (Photo Wikimedia commons)
Ci-dessous, détail d’une verrière (XVI° s.) de l’église Saint Germain d’Andrésy (78). Sous la table, les chiens lèchent les plaies de Lazare qui n'a pas même accès aux miettes du festin.
Les richesses rendent bêtes et conduisent à la mort !
Telle pourrait être la leçon de ce psaume qui met en lumière l’arrogance du riche qui se croit éternel et les doutes du pauvre sur son propre sort.
On se rappelle les paroles très dures de Jésus sur le danger des richesses : « Malheur aux riches » (Lc 6, 24)
Les richesses étaient pourtant considérées par les hébreux comme le signe d’une reconnaissance par Dieu des mérites :
Alléluia ! Heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté !
Sa lignée sera puissante sur la terre ; la race des justes est bénie.
Les richesses affluent dans sa maison : à jamais se maintiendra sa justice.
(Ps 111, 1-3)
En fait, plus que les richesses, signes de réussite, c’est l’attitude du riche qui peut être blâmable :
- Il ne doit pas oublier que c’est le Seigneur qui lui a donné la force d’acquérir sa richesse :
Garde-toi de dire en ton cœur : « C’est ma force, c’est la vigueur de ma main qui m’ont procuré cette richesse. »
Souviens-toi du Seigneur ton Dieu : car c’est lui qui t’a donné la force d’acquérir cette richesse, en confirmant ainsi l’Alliance qu’il avait jurée à tes pères, comme on le voit aujourd’hui. (Dt 8, 17-18)
- Les richesses que Dieu nous a données doivent lui être retournées en don, nous nous n’en sommes que les dépositaires :
… Tout nous vient de toi, et c’est de ta main que nous avons reçu ce que nous te donnons.
Car nous ne sommes devant toi que des immigrés, des hôtes comme tous nos pères … (1 Ch 29, 14-15)
- Mais cette richesse peut éloigner de Dieu et entraîner à adorer d’autres dieux :
Mais Israël a engraissé, il a regimbé ; – tu as engraissé, tu as grossi, tu as épaissi ! – il a rejeté le Dieu qui l’avait fait, il a déshonoré son Rocher, son salut.
Ils sacrifient à des démons qui ne sont pas Dieu, à des dieux qu’ils ne connaissent pas, de tout nouveaux venus que leurs pères n’ont pas redoutés. (Dt 32, 15.15)
- Cette richesse que le riche a acquise grâce à Dieu doit être partagée :
L'homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture.
A pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire ! (Ps 111, 5.9)
- Il ne faut pas s’attacher aux richesses, car la force vient de Dieu seul qui récompense chaque homme en fonction de ce qu’il a fait :
N'allez pas compter sur la fraude et n'aspirez pas au profit ; si vous amassez des richesses, n'y mettez pas votre coeur.
Dieu a dit une chose, deux choses que j'ai entendues. Ceci : que la force est à Dieu ;
à toi, Seigneur, la grâce ! Et ceci : tu rends à chaque homme selon ce qu'il fait. (Ps 61, 11-13)
Compréhension
1 Au chef de chant
Psalmodie des fils de Coré
A propos des onze psaumes dits des fils de Coré (ou Qoré) (Ps Hb 42, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 84, 85, 87, 88) il est intéressant de se reporter à une prédication du pasteur Louis Pernot « La révolte de Qoré, et les Psaumes des fils de Qoré » ( https://etoile.pro/en-relation-a-dieu/predications/la-revolte-de-qore-et-les-fils-de-qore ). « Ce que les psaumes des fils de Qoré nous invitent à faire c’est donc sans cesse de veiller à remettre au centre ce qui est essentiel et ultime : Dieu, le spirituel, le sens, la transcendance et l’absolu. Se tourner vers le spirituel est justement une manière d’échapper à la corruption du monde matériel. » (Louis Pernot). C’est bien là ce que suggère le psaume 48 (Hb 49)
2 Oh tous les peuples
écoutez ça
Oui écoutez bien habitants du monde
3 Riches ou pauvres tous ensemble
fils d’Adam et fils de l’homme
L’introduction est solennelle et s’adresse aux hommes du monde entier, riches ou pauvres. La distinction entre fils d’Adam et fils d’homme n’est pas évidente. Jacquet l’explique ainsi dans son commentaire de Ps 62, 10 où l’on retrouve ces expressions :
« Fils d’Adam » désigne les hommes du commun, les gens de situation modeste – ‘ADAM inclut la notion de « tiré de la terre », de ‘ADAMAH- ; et « fils d’homme » désigne des hommes de condition, les « grands – ‘ÎSH « mâle » inclut la notion de puissance, de noblesse. (op, cit. p. 284).
Je proposerais de traduire : les terreux et les bien-nés.
4 Ma bouche dit la sagesse et la méditation
Et mon cœur l’intelligence
5 Je reprends un proverbe et j’attaque sur le kinnor par cette énigme
A côté des catégories de psaumes le plus fréquentes – les hymnes, les supplications et les actions de grâces – le psaume 48 se range parmi ceux qui s’apparentent à la littérature sapientiale à laquelle se rattache le Livre des Proverbes.
On peut effectivement rapprocher notre psaume de Pr 8, 4. 7-10 sur le fond et la forme :
« C’est vous, les humains, que j’appelle, ma voix s’adresse aux fils d’Adam :
Écoutez-bien, mon discours est capital, j’ouvre mes lèvres pour dire la droiture.
Oui, c’est la vérité que je ne cesse d’annoncer, mes lèvres ont la malice en horreur.
Les paroles de ma bouche ne sont que justice ; en elles, rien d’oblique ni de retors :
toutes sont claires pour qui a l’intelligence, et droites pour qui a trouvé la connaissance.
Choisissez mes leçons et non pas l’argent, la connaissance plutôt que l’or fin.
La sagesse vaut mieux que les perles : rien ne l’égale.
Cette énigme qui intéresse l’humanité entière est celle de la rétribution. Il est moins question ici de la vie que de la mort. Si le riche et le pauvre partagent le fait de mourir, le psalmiste suggère ici, dans sa méditation chantée, que le riche ne verra plus la lumière (v. 20) et ne pourra prétendre, malgré sa fortune, racheter sa vie (v. 8-9) contrairement au pauvre psalmiste que Dieu viendra sortir du shéol (v. 16).
C’était l’une des questions qui taraudait le plus les esprits en Israël (cf. Ps Hb 37 et 73, Job, Qohéleth-Ecclésiaste … Jésus lui-même l’abordera (cf. chapitre « Méditation en forme d’écho »).
Sans doute le psalmiste n’a-t-il pas encore tous les mots pour traduire ses intuitions doctrinales et il choisit de le faire poétiquement en s’accompagnant de la kinnor (sorte de cithare ou lyre https://fr.wikipedia.org/wiki/Kinnor ). Son poème chanté a pour refrain :
L’homme dans sa splendeur ne dure pas
il ressemble à l’animal
Il meurt (v. 13)
Qu’on retrouve à peine modifié à la fin :
L’homme dans sa splendeur
ne comprend rien
Comme l’animal
il meurt (v. 21)
Kinnor, Louvre Lens.
Le kinnor, en hébreu כִּנּוֹר, kīnnōr, est un instrument de musique de l'Israël antique, de la famille des cordes pincées, le premier de cette famille à être mentionné dans la Bible.
Son identification exacte n'est pas claire, mais il est généralement traduit par harpe, cithare ou lyre. Il a été consacré instrument national du peuple juif, et les luthiers modernes ont fabriqué des kinnor basés sur leur représentation antique.
6 Pourquoi trembler un jour de malheur poursuivi par le mal ?
7 Ils se vantent ceux qui croient en leur fortune
à la masse de leurs richesses
Le psalmiste pose d’emblée le nœud de l’énigme, le problème du mal qui frappe le juste.
C’est démuni dans la détresse que le pauvre ressent le plus l’arrogance du riche qui a confiance de s’en sortir grâce à ses richesses. Le psalmiste préconise d’emblée la sérénité :
« pourquoi trembler » (v. 6) et un plus loin « N’aie pas peur » de l’homme qui s’enrichit ni de l’importance de sa maison (v. 17)
Plutôt que suivre le texte du psaume pas à pas, nous allons maintenant essayer de regrouper un certain nombre de remarques par rubriques.
Les richesses confèreraient l’éternité
L’ « homme dans sa splendeur » (v. 13.21) s’inscrit dans une éternité tant ses richesses semblent lui accorder toute impunité :
Il continue à vivre pour l’éternité sans imaginer la tombe (v. 10)
Les riches, « bien nés » s’inscrivent dans une lignée, alors que les pauvres, les terreux ne peuvent s’en revendiquer :
Voilà ce qu’ils pensent
leur maison dure toujours
Ils y habiteront
de génération en génération
Ils clament leurs noms sur leurs terres (v. 12)
Et ceux qui viennent après boivent leurs paroles (v. 14)
Il ira retrouver ses pères qui ne verront plus la lumière (v. 20)
Les riches connaîtront pourtant les affres du shéol
Les hébreux imaginaient un lieu assez indéterminé où tous se retrouvaient après la mort, ténébreux, silencieux, où l’oubli définitif parachevait ce que la mort corporelle avait initié :
Là, au séjour des morts, prend fin l’agitation des méchants, là reposent ceux qui sont exténués.
De même, les prisonniers sont en paix, ils n’entendent plus les cris du gardien.
Petits et grands, là, sont égaux, et l’esclave est affranchi de son maître. (Jb 3, 17-19)
Le riche ne peut échapper à la mort et doit donc abandonner sa fortune :
Il le voit bien pourtant que les sages sont mortels
comme les idiots et les fous
Ils meurent
et laissent leur fortune à d’autres (v. 11)
Les richesses ne sauraient assurer un passe-droit pour y échapper :
Racheter
hélas l’homme ne rachète pas
Il ne peut payer son prix à Dieu
Il coûte trop cher le rachat de son âme
et il abandonne pour toujours (v. 8-9)
La loi permettait dans certains cas d’échapper à la condamnation par le versement d’une rançon :
Par contre, quand le bœuf a déjà, plus d’une fois, donné des coups de corne et que son propriétaire, averti, l’a laissé sans surveillance, si l’animal a causé la mort d’un homme ou d’une femme, il sera lapidé, et le propriétaire lui-même sera mis à mort.
Et si on lui impose une rançon, il donnera, pour racheter sa vie, tout ce qu’on lui imposera. (Ex 21, 29-30)
Mais au jour de la mort c’est Dieu qui décide, sans possibilité de marchandage. A l’homme corrigé par la douleur Dieu décide d’accorder le salut (Jb 33, 15-30) :
Son âme approche de la fosse, et sa vie, des exterminateurs.
S’il y a près de lui un ange, un interprète, un seul entre mille, pour signifier à l’homme son devoir,
s’il le prend en grâce et demande à Dieu : “Exempte-le de descendre dans la fosse, j’ai trouvé une rançon pour sa vie”,
alors sa chair retrouve la fraîcheur de la jeunesse, il revient aux jours de son adolescence ;
il implore Dieu et Dieu se plaît en lui, avec allégresse l’homme voit la face de celui qui le restaure en sa justice. (Jb 33, 22-26)
Au schéol les riches sont dépouillés de leur splendeur
Ils sont ravalés au rang d’animaux qu’on mène à l’abattoir :
L’homme dans sa splendeur ne dure pas
il ressemble à l’animal
Il meurt (v. 13)
L’homme dans sa splendeur
ne comprend rien
Comme l’animal
il meurt (v. 21)
L’importance de leurs richesses favorisait leur autosatisfaction, leur fierté, ce qu’ils croyaient être leur beauté, dans lesquels ils se complaisaient, habitaient en quelque sorte :
Ils se vantent ceux qui croient en leur fortune
à la masse de leurs richesses (v. 7)
Il se bénit toute sa vie
on le célèbre de tout le bien qu’il s’est fait (v. 19)
Il n’emportera rien dans sa mort
l’importance ne le suit pas (v. 18)
Leur beauté détruite au schéol
là où on n’habite jamais (v. 15)
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles (Lc 1, 52)
Face à cette vie de pure folie des riches (Voilà leur trajet
pure folie – v. 14), le psalmiste oppose la sagesse et l’intelligence de sa méditation (v. 4) qui le mène à exprimer sa foi d’être tiré, lui, du shéol par la main de Dieu :
Dieu me rachète entièrement de la main du shéol
il va me prendre (v. 16)
Le rapport dominant-dominé s’inverse alors, et même d’une façon brutale :
Le matin les justes leur marcheront dessus (v. 15)
L’arc des forts est brisé, mais le faible se revêt de vigueur.
Les plus comblés s’embauchent pour du pain, et les affamés se reposent. Quand la stérile enfante sept fois, la femme aux fils nombreux dépérit.
Le Seigneur fait mourir et vivre ; il fait descendre à l’abîme et en ramène.
le Seigneur rend pauvre et riche ; il abaisse et il élève.
De la poussière, il relève le faible, il retire le malheureux de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, et reçoive un trône de gloire. Au Seigneur, les colonnes de la terre : sur elles, il a posé le monde. (1 S 2, 4-8)
Lazare et le mauvais riche, Portail sud de l' Abbatiale Saint-Pierre de Moissac, bas-relief du côté droit du porche (XII° s.). Moissac, Tarn-et-Garonne. (Photo Wikimedia commons)
L’artiste a représenté la parabole de droite à gauche : à droite, le riche fait bombance. Au centre, Lazare meurt alors que des chiens lèchent ses plaies, et un ange emporte son âme au ciel ; Abraham porte l’âme de Lazare dans son sein. A gauche, un sage montre les écritures : Moïse et les prophètes vous ont avertis, n’attendez pas d’autres messagers !
Méditation en forme d’écho
Comme nous aurons ici à mettre souvent en regard Ancien et Nouveau Testament, la traduction présentée du psaume 48 sera celle de la Bible liturgique qui entre dans une perspective chrétienne.
02 Écoutez ceci, tous les peuples, entendez bien, habitants de l'univers,
03 gens illustres, gens obscurs, riches et pauvres, tous ensemble.
04 Ma bouche dira des paroles de sagesse, les propos clairvoyants de mon coeur ;
Écoute ma loi, ô mon peuple, tends l'oreille aux paroles de ma bouche.
J'ouvrirai la bouche pour une parabole, je publierai ce qui fut caché dès l'origine. (Ps 77, 1-2)
05 l'oreille attentive aux proverbes, j'exposerai sur la cithare mon énigme.
Après cela, tu arriveras à Guibéa de Dieu, où il y a des postes de garde philistins. Et là, en entrant dans la ville, tu tomberas sur un groupe de prophètes qui descendent du lieu sacré, précédés de harpes, tambourins, flûtes et cithares ; ils seront en état de transe prophétique.
Alors l’Esprit du Seigneur s’emparera de toi, tu seras saisi de transe prophétique avec eux et tu seras changé en un autre homme. (1S 10, 5-6)
06 Pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler,
07 ceux qui s'appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ?
J'étais jaloux des superbes, je voyais le succès des impies.
Jusqu'à leur mort, ils ne manquent de rien, ils jouissent d'une santé parfaite ;
ils échappent aux souffrances des hommes, aux coups qui frappent les mortels.
Ainsi, l'orgueil est leur collier, la violence, l'habit qui les couvre. (Ps 72, 3-6)
Ne t'indigne pas à la vue des méchants, n'envie pas les gens malhonnêtes ;
aussi vite que l'herbe, ils se fanent ; comme la verdure, ils se flétrissent.
Repose-toi sur le Seigneur et compte sur lui. Ne t'indigne pas devant celui qui réussit, devant l'homme qui use d'intrigues.
Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas : il n'en viendrait que du mal ;
les méchants seront déracinés, mais qui espère le Seigneur possédera la terre. (Ps 36, 1-9)
Oui, il me réserve un lieu sûr au jour du malheur ; il me cache au plus secret de sa tente, il m'élève sur le roc. (Ps 26, 5)
08 Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon :
09 aussi cher qu'il puisse payer, toute vie doit finir.
10 Peut-on vivre indéfiniment sans jamais voir la fosse ?
11 Vous voyez même les sages mourir.
Le fou et l'insensé, ils périssent, laissant à d'autres leur fortune.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. (Mt 16, 26-27)
Atteint, en décembre 1244, d’un mal qui faillit l’emporter, St Louis, déjà étendu sur un lit de cendres, murmurera avec sagesse : « Me voici, moi qui étais le plus riche et le plus noble du monde et le plus puissant par toutes mes richesses et mon pouvoir et mes amis, je ne puis arracher une trêve à la mort ou à cette maladie, pour une heure seulement. Que valent donc tous mes biens ? … » (témoignage du dominicain Et. De Boubon, cité par J. Larcena, en Saint Louis de France, p. 61 et cité par Jacquet dans op. cit. p. 113)
Mort de saint Louis devant Tunis, Peintures murales du chœur consacrées à la vie de Saint-Louis (par Joseph et Adrienne Lamberton, 1930), église Saint Louis de Saint Etienne (Photo Wikimedia commons)
On ne peut pas acheter la vie avec un chèque
ses Actions sont très élevées
on ne peut les payer avec de l’argent
Vivre toujours et ne jamais voir le sépulcre :
personne ne peut acheter cette Police d’Assurance !
(Ernesto Cardenal, « CRI, Psaumes politiques » - Ext. Voir chapitre ci-dessous « Autres traductions et paraphrases »)
Voyez-le, maintenant, c’est moi, et moi seul ; pas d’autre dieu que moi ; c’est moi qui fais mourir et vivre, si j’ai frappé, c’est moi qui guéris, et personne ne délivre de ma main. (Dt 32, 39)
12 Ils croyaient leur maison éternelle, leur demeure établie pour les siècles ; sur des terres ils avaient mis leur nom.
Puis, [Jésus] s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?”
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » (Lc 12, 15-21)
Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter.
Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition.
Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre. (1 Tm 6, 8-10)
Le trésor de l’Avare, Flandres, XVIIe siècle, huile sur bois. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
Ce tableau représente au premier plan un ensemble de richesses accumulées : écus d’or, lettres de reconnaissance de dettes, bourses remplies, tandis qu’au second plan se dresse, dans un décor chaotique de richesses renversées, un personnage est épouvanté de voir arriver des anges pour lui « redemander sa vie »
13 L'homme comblé ne dure pas : il ressemble au bétail qu'on abat.
Tu es trop juste, Seigneur, pour que je te fasse un procès ; pourtant, je parlerai contre toi de jugement : Pourquoi le chemin des méchants est-il prospère ? Pourquoi sont-ils paisibles, tous les traîtres ?
Tu les plantes, et ils s’enracinent ; ils vont bien, et ils portent du fruit. Tu es près de leur bouche et loin de leur cœur !
Mais toi, Seigneur, tu me connais, tu me vois, tu scrutes mon cœur : il est avec toi. Traîne-les à l’abattoir comme des moutons, réserve-les pour le jour du massacre ! (Jr 12, 1-3)
14 Tel est le destin des insensés et l'avenir de qui aime les entendre :
15 troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. A l'aurore, ils feront place au juste ; dans la mort, s'effaceront leurs visages : pour eux, plus de palais !
16 Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort : c'est lui qui me prendra.
Que le frère d’humble condition tire sa fierté d’être élevé,
et le riche, d’être humilié, car il passera comme l’herbe en fleur.
En effet, le soleil s’est levé, ainsi que le vent brûlant, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, la beauté de son aspect a disparu ; de même, le riche se flétrira dans toutes ses entreprises.
(Jc 1, 9-11)
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon coeur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance :
Tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. (Ps 15, 8-10)
Pour le juste, avoir peu de biens vaut mieux que la fortune des impies.
Car le bras de l'impie sera brisé, mais le Seigneur soutient les justes.
Il connaît les jours de l'homme intègre qui recevra un héritage impérissable.
L'impie emprunte et ne rend pas ; le juste a pitié : il donne. (Ps 36, 16-21)
Je le sais, le Seigneur rendra justice au malheureux, il fera droit au pauvre.
Oui, les justes rendront grâce à ton nom, les hommes droits siégeront en ta présence. (Ps 139, 13-14)
17 Ne crains pas l'homme qui s'enrichit, qui accroît le luxe de sa maison :
18 aux enfers il n'emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui.
Le Seigneur a horreur des prétentieux : promis, juré, ils ne resteront pas impunis. (Pr 16, 5)
Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. (Lc 12, 33)
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. (Lc 6, 24-26)
Et Jésus dit à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux.
Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » (Mt 19, 23-24)
19 De son vivant, il s'est béni lui-même : « On t'applaudit car tout va bien pour toi ! »
Tu dis : « Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien », et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! (Ap 3, 17)
Que le frère d’humble condition tire sa fierté d’être élevé,
et le riche, d’être humilié, car il passera comme l’herbe en fleur.
En effet, le soleil s’est levé, ainsi que le vent brûlant, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, la beauté de son aspect a disparu ; de même, le riche se flétrira dans toutes ses entreprises.
(Jc 1, 9-11)
20 Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres qui ne verront jamais plus la lumière.
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. (Lc 16, 19-25)
21 L'homme comblé qui n'est pas clairvoyant ressemble au bétail qu'on abat.
Et vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent.
Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites,
votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses, alors que nous sommes dans les derniers jours !
Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs, le voici qui crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers.
Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre.
Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous oppose de résistance. (Jc 5, 1-6)
L'avarice représentée sur un chapiteau sculpté (XII° s.) orné d'un animal fantastique en train de s'attaquer à un homme ayant thésaurisé - provenance église de Beugny, Musée des Beaux-Arts d'Arras. (photo Wikimedia commons)
Bibliographie
- Bible des Ecrivains (Ed. Bayard, 2001, 2009, 2018, 2023).
La première édition de cette nouvelle traduction intégrale de la Bible est parue en septembre 2001. Pour la première fois, des spécialistes des langues et des textes bibliques (hébreu, araméen et grec) avaient collaboré plus de six ans avec des écrivains contemporains pour aboutir à une traduction entièrement renouvelée des textes bibliques. Parmi ces écrivains figuraient de grands auteurs contemporains : Jean Echenoz (prix Médicis 1983 et prix Goncourt 1999), Emmanuel Carrère (prix Fémina 1995), Marie NDiaye (prix Femina 2001 et prix Goncourt 2009), mais aussi François Bon, Jacques Roubaud, Olivier Cadiot, Marie Depussé, Valère Novarina...
Plus de 20 exégètes ont travaillé à cette traduction en binômes avec un écrivain. Un comité de relecture était présidé par les biblistes Pierre Gibert et Thomas Römer. Les évêques de France avaient salué par un communiqué officiel de la Conférence épiscopale le travail accompli et son originalité.
Cette traduction a depuis fait son chemin. Elle est connue sous l'appellation de "Bible des écrivains". Il faut rappeler qu'il s'agit de traductions rigoureuses, établies à partir d'un travail exégétique et philologique approfondi sur les langues sources bibliques. Cette nouvelle traduction a permis de renouveler le langage biblique et d'adapter les textes des Ecritures à nos sensibilités modernes.
La nouvelle édition de 2023 est accompagnée d’un enregistrement intégralement interprété par Noam Morgensztern de la Comédie-Française. On peut en trouver des extraits sur YouTube et en particulier ce psaume 48 (Hb 49) : https://www.youtube.com/watch?v=UwuiRjSzfV0&list=OLAK5uy_kH5wD1hCAW13uI5OcLY61gTWlqeqHRAUo&index=49
- Louis Jacquet, « Les psaumes et le cœur de l’homme », t. I, Ed. Deculot, 1979, pp. 103-124.
- Jean-Luc Vesco, « Le psautier de David », t. I, Ed. Cerf, Coll. Lectio Divina, 2006, pp. 443-451.
Méditations musicales
Le psaume 48 n’a pas été utilisé pour la composition de pièces grégoriennes d’importance. Il est simplement psalmodié ou récité à l’office des heures.
Autres traductions ou paraphrases
Par Ernesto Cardenal
Entendez-moi tous les peuples
Ecoutez, vous tous, habitants du monde
plébéiens et nobles
les prolétaires et les millionnaires
toutes les classes sociales
Je parlerai en proverbes
et en paroles de sagesse
accompagné par la harpe …
« Pourquoi craindrai-je, moi, les persécutions
de ceux qui mettent leur confiance dans une banque
et leur sécurité dans une Police d’Assurance ? »
On ne peut pas acheter la vie avec un chèque
ses Actions sont très élevées
on ne peut les payer avec de l’argent
Vivre toujours et ne jamais voir le sépulcre :
personne ne peut acheter cette Police d’Assurance !
Ils ont pensé qu’ils vivraient toujours
et que toujours ils seraient au pouvoir
et ils donnaient leurs noms
à leurs terres à toutes les propriétés qu’ils volaient
ils enlevèrent les noms aux villes
pour leur donner les leurs
Leurs statues étaient sur toutes les places
Et maintenant qui fait mention d’eux ?
Elles furent renversées leurs statues de bronze
les plaques de bronze furent arrachées
Maintenant leur Palais est un Mausolée
Ne t’impatiente donc pas
si tu vois quelqu’un s’enrichir
s’il a beaucoup de millions
et si s’accroît la gloire de sa maison
et si c’est un Homme Fort
Car dans la mort il n’aura plus aucun gouvernement
ni aucun Parti
Même si, durant sa vie,
la Presse officielle proclamait :
« On te louera car tu es parvenu à ta félicité »
Il devra aller à la demeure de ses pères
pour ne plus jamais voir la lumière
Mais l’homme investi de la fonction la plus élevée
n’écoute pas l’homme qui est au pouvoir
le gouvernant gros, plein de décorations
il rit et croit qu’il ne mourra jamais
et il ne sait pas qu’il est comme ces animaux
condamnés à mourir le jour de la Fête.
Ernesto Cardenal, « CRI, Psaumes politiques », traduit de l’espagnol par G. Bessière et M. Sacchi, Ed. du Cerf, Coll. Terres de feu, 1970, Psaume 48, pp. 47-48.
Ernesto Cardenal Martínez, né le 20 janvier 1925 à Granada au Nicaragua et mort le 1er mars 2020 à Managua, est un prêtre catholique, théologien, poète et homme politique nicaraguayen. Il livre une transposition moderne de psaumes dans le contexte social de son époque.
(Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernesto_Cardenal).
Par Paul Claudel
1-2 Ecoute, peuple ! et toi, prête l’oreille, horizon vivant de l’Humanité !
3 Riches et pauvres ! tout cela qui d’âme avec de la terre conste ! (*)
4 Le O (**) de ma bouche sort de la Sagesse et la méditation de ma bouche mûrit le vrai.
5 Oreille vivante, j’offre mes pentes à la parabole ; j’ouvre ma proposition aux ascensions de la voix.
6 Qu’ai-je à craindre du jour mauvais ? Les mauvaises volontés qui me cernent ne sont qu’un tremplin à mon talon.
7 L’argent qu’on a, quelle assurance ça leur donne !
8 Un homme ça suffit au salut d’un homme ? ça suffit à en payer la rançon ?
9 Quand il ferait de son mieux jusqu’aux jointures de l’éternité !
10 Pas moyen de l’exterminer, ce péché, qui adhère à la vie !
11 C’est comme la mort on n’en peut venir à bout. La folie donne la main à la sottise,
Et ce cher argent, il faut se décider à lui dire adieu !
12 Leur sépulcres, voilà leur maison à jamais pour y demeurer.
C’est à eux, leur nom est écrit dessus, personne pour les leur disputer.
13 Et l’homme, avec tout l’honneur qui lui sied, n’a pas compris ; c’est des bêtes ! tout pareil que des bêtes !
14 Vous parlez s’ils parlent ! sans se douter de ce chemin qui est une embûche à leurs pieds.
15 Le régal de la mort ! un troupeau de moutons que l’enfer absorbe !
Toute leur gloire s’en va en lambeaux, mais eux, les justes, ils ont eu recours au matin !
16 Dieu me sauvera de l’enfer, il me tend la main pour m’accueillir.
17 ça ne fait rien, tous ces riches, toute cette vanité !
18 L’habit ne résiste pas mieux que le corps.
19 Apprends-moi cette respiration : le bien qui répond au bien.
20 Cela rejoint à l’opacité natale qui ne verra plus la lumière !
21 L’homme, avec tout cet honneur qui lui sied, n’a pas compris ! C’est des bêtes, des bêtes, tout pareil que des bêtes !
Paul Claudel. Psaumes, Traductions 1918-1953 (Ed. Gallimard, 1966, Ed. 2008 p. 145)
*Mot vieilli, empr. au lat. constare proprement « se tenir par la réunion de ses éléments constitutifs » d'où « être, exister » ; employé au mode impers. constat « il est établi, reconnu » (terme juridique), v. aussi constat.
Autre emploi par Claudel : « Le Christ (...) qui est l'image du Dieu invisible, premier-né de toute la création, parce qu'en lui ont été fondées toutes choses dans les cieux et sur la terre, visibles et invisibles : tout par lui et en lui a été créé, et lui est avant toutes choses et toutes choses constent en lui. »
(CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 137)
** Probable allusion à la première des Grandes Antiennes de Magnificat chantées les sept jours qui précèdent Noël – Cf. mon article « Les grandes antiennes en O » http://www.bible-parole-et-paroles.com/2021/12/les-grandes-antiennes-en-o.html
O Sapientia, quae ex ore Altissimi prodiisti, attingens a fine usque ad finem fortiter suaviter disponensque omnia : veni ad docendum nos viam prudentiae.
O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, qui atteignez d'une extrémité à l'autre, et disposez toutes choses avec force et douceur : venez nous apprendre les voies de la prudence.