L'Avent
Ad te levavi animam meam
(Ps 24, 1)
L’introït grégorien qui introduit le premier dimanche de l’Avent commence par ce 1er verset du psaume 24. Pour marquer l’élan de l’âme vers Dieu, sa mélodie va rebondir en plusieurs détentes.
Ce mouvement dynamique reflète bien la spiritualité du temps de l’Avent teintée d’eschatologie, attente des fins ultimes qui n’est pas passive mais mise en mouvement comme :
- La marche du peuple hébreu fuyant l’Egypte pour une lointaine Terre promise : « Vers toi, Terre promise, il tourne son cœur et sa foi » (Chant E 18, chanté souvent autrefois pendant l’Avent)
- Le retour des hébreux vers Jérusalem après l’exil : « Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. » (Baruch 5, 5-6, 1ère lecture, 2°dim. Avent C)
- L’attente du Messie : « En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3, 1-2, Evangile du 3° dim. Avent A)
- L’attente du retour du Christ à la fin des temps : « Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire … Restez éveillés et priez en tout temps … » (Lc 21, 27 et 36, Evangile du 1er dim. Avent C)
Illustration d'entête : Lettrine "A" qui introduit l'introït grégorien "Ad te levavi"
Pour avoir un commentaire détaillé sur cet introït : Ad te levavi - Bible : Parole et paroles
Vers Toi : toute la dynamique de l’Avent
L’évocation de la fin du monde et du retour du christ (parousie) en vue du jugement dernier qui illustre les derniers dimanches de l’année liturgique et ce premier dimanche de l’Avent (Evangile Lc 25-28. 34-36), va céder la place à une autre tension eschatologique vers la célébration de sa naissance qui va animer ce temps de l’Avent.
Ad te, vers toi : il convient de se tourner vers Dieu (Ps 24, 1), de se confier à lui (Ps 24, 2) car tous ceux qui l’attendent ne seront point déçus (Ps 24, 3).
Le mot Avent vient de Adventus qui signifie venue, arrivée, avènement.
La fête de Noël ne fut instituée pour l’Eglise universelle qu’à partir du 4ème siècle. Pour contrer les licencieuses Saturnales célébrées par les romains au mois de décembre, le pape Grégoire 1er le Grand institua à la fin du 6ème siècle une période de quatre semaines pour se préparer à Noël.
Les Eglises d’Orient fêtaient la naissance du Christ le 6 janvier (Epiphanie) et avaient une période de préparation beaucoup plus longue à caractère pénitentiel qui constituait un carême débutant le 15 novembre.
La Gaule qui avait à l’époque des liens étroits avec les églises d’Orient faisait débuter l’Avent le 11 novembre, jour de la fête de Saint Martin. On jeûnait trois jours par semaine et on faisait abstinence tous les jours sauf le dimanche. La liturgie romaine s’imposa à l’époque carolingienne : Avent de quatre semaines sans prescription de jeûne et abstinence avec toutefois une connotation pénitentielle héritée de la liturgie gauloise. Ainsi, encore aujourd’hui, comme pendant le Carême, les ornements sont violets et on ne chante pas le Gloria mais l’Alleluia est maintenu. Le troisième dimanche a hérité de l’esprit de l’antique liturgie romaine, moins ascétique et plus christologique, puisqu’il y est prévu l’usage d’ornements de couleur rose (violet atténué) et que transparaît une certaine joie dans les chants (introït Gaudete – Réjouissez-vous) et les lectures qui annoncent la très grande proximité de la Nativité.
C’est l’usage franc de commencer l’année liturgique par l’Avent qui s’imposa (l’usage romain le plaçait à la fin).
Quatre bougies pour quatre dimanches qui préparent à Noël
Il semble que les premières couronnes de l’Avent soient apparues au nord de l’Allemagne au XVIème siècle pour préparer les chrétiens à la fête de Noël qui allait venir dans quatre semaines.
On attribue à un pasteur allemand du 19° s. l’initiative de disposer des bougies sur ces couronnes dont la coutume s’est répandue partout.
On trouve habituellement quatre bougies allumées successivement chaque dimanche de l’Avent pour en rappeler la thématique des lectures :
- La première incite à veiller dans l'attente du Messie :
« Restez éveillés et priez en tout temps ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » (Evangile Luc 21, 36)
- la seconde fait entendre la voix de Jean-Baptiste qui crie dans le désert :
« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis et tout être vivant verra le salut de Dieu. » (Luc 3, 4-6)
- la troisième incite à la Joie car le Seigneur est proche :
« Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » (Lettre de Paul aux Philippiens 4, 4-5)
- la quatrième annonce les événements juste avant la naissance du Christ et nous en parlerons prochainement.
Quant aux flammes des bougies, elles symbolisent le Christ Lumière surgissant au milieu des ténèbres de nos vies :
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Isaïe 9, 1).
« Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jean 1, 9)